Voilà donc la petite troupe mattonlesvoiles arpentant les crêtes du Grand Canyon. Certains points de vue sont accessibles en véhicule privé. Pour une bonne partie, on est invité à prendre un bus (une navette) qui s'arrête sur tous
les points de vue importants. Cette formule est somme toute fort agréable, car on se laisse conduire sans se soucier du stationnement, du trafic etc.... après nos quelques 20'000 km parcourus, ce n'est pas trop désagréable de se laisser conduire.
Natacha ne mettrons "que" une heure trente... de plus ! Passons les détails. Demain, il nous restera de cette marche des souvenirs forts, des images surprenantes et pas mal de courbatures dans les cuisses et molets. Une Grande journée dans le Grand Canyon.
passer une falaise. Il faut donc bien évaluer l'énergie qu'il nous reste avant de faire demi-tour. Nous atteindrons la Resthouse, le pied de la première falaise. Pour atteindre le fleuve, il nous faudrait encore franchir un plateau et 2 autres falaises. Si d'en haut, il vous semble grand, je vous assure que d'en bas il vous semble colossal. Et encore nous ne sommes pas très bas dans le canyon.
Carnet de route précédent
Notre route continue en direction de Antelope Canyon. Ici, notre passe inter-parcs n'est pas valide car nous sommes en terre Navajo. Le site est géré par deux familles de la réserve et c'est tout joyeux que nous montons à bord d'un de leur 4x4 aménagé de baquettes sommaires sur une structure metallique à l'arrière qui nous mène à toute berzingue vers la gorge. Il y a 3 ou 4 véhicules, avec chacun une dizaine de personnes à
Un champs de soldats de grès ocre, blanc, rose et beige de quelques dizsaines de mètres de haut saluent le soleil et imposent un silence respectueux. Les points de vue tout au long du parc se ressemblent quelques peu, mais chacun vous renvoit cette question : comment diable cela est-il possible ? Le lieu est-il sur terre où sommes nous tombés par hasard dans le jeu d'échec géant des dieux ?
Bryce se visite "d'en haut", mais la magie opère d'avantage encore lorsque le deuxième jour nous descendons sur une des multiples marches possibles pour découvrir ce lieu. Le Queen's et le Navajo Trail combinés nous conduisent sur des corniches et des portiques creusés dans le grès. Les falaises surmontées de roches en équilibre, les ravines, la végétation qui à quelque chose de méditerrannéen, les étroits passages ne laissant parvenir la lumière du soleil que quelques heures par jour, tout participe ici à l'harmonie de l'ensemble. Nous réalisons à quel point nous sommes privilégiés d'être les hôtes de ce lieu, quelques heures au moins. Peut-être, en dehors des photographies et des souvenirs parviendrons-nous à voler à ce lieu quelques pierres de sérénité que nous garderons précieusement dans nos poches usées.
Nous réalisons ici aussi que les parcs qui nous laissent les plus beaux souvenirs sont ceux dans lesquels nous pouvons faire une ou deux marches... Et vivre le lieux plus que le visiter.
Nous passons aussi une soirée très tardive à discuter de tout et de rien avec de sympathiques voyageurs français. Merci à Pierre, Annick et Aurore pour ce bon moment de partage.
A Moab, nous restons bloqués 3 jours par la neige. Il fait en effet bien trop froid, nuageux et glissant pour sortir le nez dehors. L'hiver a fini pour nous rattraper. Cela rend la vie en pamking car très moyennement plaisante. De plus, Natacha, qui est de nature plutôt facile à vivre en temps normal devient vite invivable lorsqu'elle a froid...Donc direction la bibliothèque de la ville qui, nous avons de la chance, est vraiment superbe. Le coin enfant est équipé d'ordinateur avec accès à Internet, le wifi côté adultes, les livres bien entendu, mais aussi le personnel qui est très sympathique. Nous allons grandement apprécier le lieu pendant cette halte forcée. On en profite pour avancer dans les devoirs, envoyer les évaluations au CNED, préparer les mises à jour du site et nous profitons même d'un spectacle de magie en fin de journée.
Il me semblait bien avoir vu des étoiles briller dans les yeux de cet homme, un inconnu, rencontré il y a quelques semaines, lorsqu'il évoquait Arches National Park... et pour cause.
Il y a ici plus de 2000 arches, d'une grande variété de formes. On a beau lire les multiples panneaux vous expliquant qu'une couche de sel s'est déposée dans les fonds marins (car la mer recouvrait la plus grande partie du continent) recouverte ensuite par des sédiments devenus roche par le jeu des pressions terrestres, puis que l'erosion a lavé les poches de sel en-dessous, laissant des trous qui avec le temps s'érodent et laissent derrière eux des arches, oui on a beau lire que telle couche du crétacé s'est superposée à telle couche de on ne sait plus quelle époque, on reste perplexe devant un tel spectacle.
Evidemment, on ne verra pas les 2000 arches, mais une bonne douzaine d'entre elles, égrainées le long des routes aménagées à cet effet. A Arches, comme dans la plupart des parcs d'ailleurs, la partie visible ou "visitable" facilement est bien plus petite que la surface du parc elle-même. Le reste étant accessible aux experts ou aux marcheurs expérimentés. Néanmoins, Park Avenue, à l'entrée du parc, nous laisse pantois. Un couloir encadré par des parois si fines que l'on dirait des rideaux et d'un rouge terracota intense. On fait le tour de Balanced Rock, une énorme masse rocheuse perchée sur une fine colonne à quelques dizaines de mètres du sol. Impressionnés par ce tour d'équilibre, on se dit qu'il vaudrait mieux ne pas être là le jour où le rocher va tomber.
Delicate Arch se mérite un peu. Une petite marche d'une heure nous y mène. Superbe par ailleurs, car faite en majeur partie sur une immense roche monolithique et se terminant dans une corniche taillée sur flanc de falaise. Il faut un peu motiver les
parcours qui vous rappelle qu'il est temps de descendre. Natacha est sous le charme du lieu, mais quand même contente de descendre. Tout ce vide avec nos deux petits monstres qui ne tiennent pas en place, c'est un très bon exercice cardiaque dont il ne faut pas abuser ;o)
Nous déguisons tant bien que mal les boys qui ont déjà bien réfléchi à la question (voir leur carnet de route pour voir leur frimousses...) Et oui, nous sommes dans un camping car quand même. Pas de machines à coudre, pas trop d'équipement de bricolage.....
La nuit tombe et nos garçons ne tiennent plus en place. Cela fait trois jours qu'ils chantent en boucle une chanson qu'ils ont inventée pour l'occasion. En effet, il nous semble que les enfants doivent dire ou faire quelque chose pour recevoir des bonbons ! Mais que chantent-ils d'habitude ? "Happy Halloween ! Happy Halloween ! Monsters, witches and ghosts.. Happy Halloween ! Happy Halloween !" La chanson résonnera encore longtemps dans nos têtes... Nous nous stationnons dans un quartier résidentiel et sortons du pamking car, un peu gêné mais surtout très excités.
Nous demandons à une passante le mode d'emploi pour Halloween ici. Elle nous explique gentiment que l'on peut frapper aux portes des maisons dont une lumière est allumée sur le patio, qu'il y ait des décorations ou non que normalement les enfants disent "Trick or treats", mais que souvent ils ne disent rien, que par politesse on peut frapper aux portes jusqu'à 20h00 – 20h30. Alors on y va ... et ça marche !
Les gens ouvrent la porte avec des bols remplis de bonbons. Certains ont décoré leur maison de citrouilles creusées, de guirelandes oranges ou éclairent l'intérieur des maisons de mauves et oranges. Certain ont transformé leur gazon de fantômes et de vampires. Ils ouvrent la porte avec des phrases déjà préparées. "Hi, kids ! How is the evening ? Did you get a lot of candies ? Have a nice Halloween" Certains sont même déguisés eux-mêmes et jouent un rôle de vampire ou de sorcière. Et puis surtout, courent partout des petits bonshommes et des petites bonnes fées. Des mini sorcières, des mini citrouilles, des princesses, des ninjas, des vampires......houhouhouhou, il fait peur et noir dans les rues de Moab ce soir. Et tout ce petit monde est suivi de troupes entières de parents, emmitouflés, une lampe de poche à la main, poussant les poussettes de trop petits frères et soeurs...
Le bilan de la soirée sera, dirons-nous, très ... très ... sucré. Chacun des boys rentre dans notre maison sur roulettes avec un gros sac bien lourd de bonbons, sucettes, chewing gums, chocolat et compagnie ! Ils sont tout simplement ravis. Les parents aussi... puisqu'il y a des Snickers et des Twix !
Une pierre de plus à ajouter dans notre sac à souvenirs. Un 31 octobre, un Halloween aux Etats-Unis !
– pour tout dire - nous nous sommes avancés à plat ventre tellement cela nous donne le vertige. Faîtes cela avec vos enfants et vous pourrez vous vanter d'avoir broyé leur main tellement vous la serrez.
Nous ne sommes pas les seuls à nous prosterner devant le spectacle. Un groupe de mamies japonaises - toutes excitées - nous rejoint. Elles font quelques étirements élégants, ont un sourire légèrement pincé sous leurs énormes chapeaux, se mettent à quatre pattes pour finir à plat ventre, en criant - la bouche formant toujours un sourire - mais plus crispé : "Calarrado – Calarrado – Calarrado". Elles ont bien raison de rester sur leur garde. Nous aussi, il nous a semblé entendre le serpent émeraude nous murmurer à l'oreille : Viens ! Plonges dans ma beauté et tu seras éternel.....
Le temps presse vraiment maintenant. Les conditions météo et le planing pour le continent nord américain est largement dépassé. Aussi, c'est très rapidement que nous passons à Deadhorse Point. Un point d'intérêt qui, une fois de plus, nous laisse ébahis. Un canyon creusé par notre désormais bien connue Colorado River. Le point de vue est ici une voie sans issue. De part et d'autre le vide et en contrebas le Colorado qui serpente en méandres tranquilles. La Mesa – c'est le nom des plateaux surplombant les canyons – forme un petit ilôt naturel qui fût autrefois utilisé par les cow-boys pour rabattre et enfermer les chevaux sauvages. Le corral est en effet naturel, les falaises remplaçant les barrières. Les cowboys n'avaient plus qu'à fermer le goulot de la
"presqu'île" pour garder les chevaux qu'ils avaient poussé jusque là. La légende raconte que les chevaux qui n'étaient pas choisis pour être dressés ou vendus étaient laissés dans le corral. Les cowboys laissaient ouverte la barrière permettant ainsi aux chevaux de repartir. Revenant sur les lieux quelques temps plus tard, ils comprirent que les chevaux laissés libres n'étaient pas repartis et étaient morts de soif à cet endroit, sans aucune explication. D'où le nom : Deadhorse Point.
C'est aussi ici que Thelma et Louise font le grand saut ! Il s'agit en effet d'un cul-de-sac sans merci. La prison ou le saut de l'ange éternel. Un film envoûtant pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.
Le trajet se poursuit ensuite sur les lacets de Canyonlands. Grandview Point, Upheavel Dome et le lendemain matin Needles Overview. Mais nous passons trop vite malheureusement. Au risque de se répéter, la météo et le temps nous pressent. Et puis il y a aussi une petite lassitude qui s'est installée dans l'équipe. Les paysages sont époustouflants, c'est incontestable. Les Grands Parcs Américains nous laisseront à jamais une marque gravée dans le coeur. Mais c'est aussi très vide et il nous tarde de voir des gens... tout simplement. Nous sommes hors saison et nous
De Flagstaff - où nous rencontrerons Jürgen, un allemand en voyage depuis un an - à Tucson, en passant par Phoenix ce ne sera que préparation pour le grand saut vers le Mexique et le sud, agrémenté de la visite du Air and Space Museum de Tucson et d’un petit saut vers la “cowboynesque” et ô combien touristique ville de Tombstone. On chouchoute donc le pamking car : nettoyages intérieur et extérieur – il n'aura jamais été aussi beau depuis le départ - réparations et révision. On le chausse de 4 pneus "more aggressive", profilés 4x4 pour attaquer les pistes du sud. On complète les vaccins : fièvre jaune et typhoïde... Nous sommes parés pour l'aventure... la vraie. "Ah bon, elle n'avait pas encore commencée ?!! "
RETROSPECTIVE SUR L'AMERIQUE DU NORD
Nous avons partagé notre aventure en trois volets. L'Amérique du Nord, Centrale et du Sud. Comme nous l'avions décidé avant de partir, à la fin de cette première partie nous discutons de ce que nous avons aimé et moins aimé et décidons ensemble si oui ou non nous voulons continuer le chemin.
De l'Amérique du Nord, nous avons particulièrement aimé New-York, Vancouver et San Francisco, l'Acadie, Dinosaure Provincial Park en Alberta, Death Valley, Capitol Reef, Yellowstone, Mont Rushmore, Redwoods et la route 101 de l'Orégon à la Californie. Les paysages nous laissent un souvenir marquant au goût de déjà vouloir y revenir. La serviabilité des gens, la facilité de vie "à l'américaine" ont certainement participé à notre aise aussi. Des petites perles telles que la course Nascar à Indianapolis, les motards de Sturgis, la marche sur le glacier Athabasca, les orques de Vancouver Island, les tambours de l'Orégon, la course aux cristaux de sel de Trona, la marche de Mosaic Canyon, la Bright Angel Trail de Grand Canyon s'ajoutent à notre collier.
L'endroit que nous n'avons unanimement pas aimé est Las Vegas. La nourriture nous laisse également sur notre faim ainsi que le "formatage" transicontinental de tout : mêmes magasins, mêmes restaurants, mêmes maisons... c'est un tantinet lassant. Autre point que nous avons pris avec une pincée de sel est l'omniprésence de la police qui est partout et les réglementations et avertissements sur tout et pour tout qui donne un sens paradoxal aux mots "pays de la liberté". La Canada quant à lui garde une place toute particulière dans nos coeurs et à tout jamais.