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grande peine que nous demandons et comprenons le chemin à suivre, bien que caque renseignement soit accompagné d'un sourire amical.
Dès notre arrivée à Angahuan, un cycliste nous interpelle et nous propose de nous conduire au "Centro Touristico". Après l'avoir suivi pendant 2 kilomètres dans les chemins torturés de ce petit village de 3000 habitants, nous sommes soulagés d'entrer dans la cour du Centro Turistico. Nous sommes les seuls visiteurs. Sans l'aide de Jesus, notre guide à bicyclette, nous n'aurions jamais trouvé notre destination. Ce coup de main est biensûr interessé. Jesus est guide et nous propose immédiatement de nous accompagner demain pour l'ascencion du volcan Paricutin. Il faut négocier le prix et se mettre d'accord sur l'organisation. Nous sommes fatigués et avons hâte de pouvoir dormir. Rendez-vous est prix pour le lendemain matin 08:00.

C'est à 5h30 que nous sommes réveillés par de la musique mexicaine diffusée dans des hauts parleurs un peu plus loin, entrecoupée de nombreux coups de fusil dans la vallée. Les hommes chassent tous les matins pour se nourrir.
Nous reprenons la route et atteignons Patzcuaro, l'occasion de se familiariser d'avantage avec l'Histoire. Au premier conquistadore, Cortès, succéda Guzmàn, un conquistadore sanguinaire et extrêment cruel qui fût expulsé du Mexique quand la couronne espagnole apprit ses exactions. Il fût remplacé par Vasco de Quiroga, un évêque qui s'évertua à développer la région, alphabétiser les habitants, et enseigna dans chaque village un artisanat spécifique afin qu'il puisse en vivre économiquement. Ces artisanats propres à chaque village existent encore aujourd'hui.
Nous découvrons d'abord la bibliothèque municipale, établit dans l'église de San Augustin (XVIe siècle). 3 ordinateurs, quelques centaines de livres et devant nous, l'Encyclopédie Universalis datant de ... 1933.
Autour de la place Gertrudis Bocanegra, noble décapitée pour avoir aidé les indépendantistes, la vie est bouillonnante. Le marché, au centre de la place, est entouré du ballet incessant des mini bus de 5-6 places qui font office de transport municipaux. Aux quatre coins, des policiers tentent de réguler le traffic en agitant les bras de manières incompréhensible et en sifflant à tout bout de champ... De toute façon personne ne les écoute... Nous croisons des jeunes écolières en uniforme... ce doit être la pause de midi. Nous nous enfonçons dans une ruelle où le marché se poursuit. De multiples étalages colorés se succèdent sous des baches tendues pour s'abriter de la pluie... ou du soleil. Des légumes et des fruits inconnus laissent place aux shampoing et décoration de Noël.
Nous sommes les seuls "gringos", bien reconnaissables, bien blancs, et sommes donc continuellement dévisagés. Il est difficile d'observer discrètement tout cet univers foisonnant. Nous nous laissons imprégnés par cette ambiance venue d'un autre monde.
Aujourd'hui, nous allons visiter l'île de Janitzio, située au beau milieu du lac qui jouxte Patzcuaro. Les guides sont formels : le lac, autrefois magnifique a laissé place à des eaux boueuses et polluées, l'ìle a vendue son âme aux tourisme et la statue disgracieuse de 40 mètres qui orne son sommet devrait finir par nous dissuader d'y mettre les pieds. Mais quelque chose nous pousse a y aller.
Nous nous rendons à l'embarcadère où de longs bateaux colorés, genre bateau mouche en moins sophistiqués attendent en ligne pour emmener les voyageurs sur l'île. Mais les voyageurs sont des touristes mexicains. Nous allons goûter à une journée de tourisme à la mexicaine... et nous allons adorer.
A peine arrivés dans le bâteau, quelques vendeurs ambulants tentent de vendre des cacahuètes, tacos, ou friandises diverses aux passagers. Les voyageurs, jeunes et vieux remplissent petit à petit l'embarcation. Nous ne partirons que lorsque le bâteau sera plein. Un orchestre prend également place à bord ; la traversée se fera en musique.
Après trente minute de travesée rythmée par le moteur toussotant et les guitares, nous atteignons la fameuse île.
Les ruelles grimpantes et étroites sont flanquées de multiples étalages de babioles en tout genre, mêlant effigies religieuses, images de catcheurs et tasses avec string...  Plus haut, des femmes debout derrière leur fourneaux sommaires, récitent à notre passage tout ce qu'elles vendent à manger. De minuscules poissons frient depuis des lustres dans de l'huile alors que plus loin des tortillas bleues sont cuites par des mains expertes.
Nous atteignons le sommet où se dresse la statue de Morélo, principal héros de la révolution mexicaine. Du haut de ses quarantes mètres, il lève le bras droit comme la statue de la liberté.
Alexandre, théo et Gilles grimpent jusqu'au poing levé pour y découvrir le panorama de la région.
Après un repas où se mêlent pollo (poulet), guacamole, haricots et tortillas, nous regagnons les embarcations, non sans nous délecter au passage de ces étalages qui, dans leur aspect kitsch, ont un profond charme.
Les mexicains sont là, pleins de souvenirs achetés quelques pesos. Les vendeurs de nourriture vendent avec succès des friandises aux enfants sous les regards attendris des parents et grands parents, puis quittent le bateau avant qu'il ne les emporte. D'autres musiciens embarquent. La traversée se fera encore en musique... oui mais au son de l'accordéon cette fois.  
Ce matin nous visitons Tzintzuntzan, ancienne capitale du peuple Purepechas, dont le dernier empereur fût brûlé vif par Guzmàn. Ce site archéologique renferme 5 pyramides de forme semi-circulaire, les yacatas, temples pour les dieux et tombeaux pour les dignitiaires. Le site, majestueux, surplombe les eaux boueuses du lac de Patzcuaro. Mais les explications sont sommaires... dommage.
Après un bref passage par Morélia, nous devons trouver un endroit pour la nuit. Les campings sont inexistants ou très chers.
Dans une petite ville nous nous renseignons auprès de passantes pour savoir si dormir dans la rue est sécuritaire. Pas de problème nous répondent-elles. Pour nous convaincre, elles nous proposent même de dornir en face de leur maison.
Ce sera effectivement sécuritaire... mais pas pour le sommeil. Dans ce pays, les habitants doivent avoir un secret. Ills ne dorment jamais.. ou très peu.
Nous sommes dimanche soir, et jusqu'à une heure du matin, la musique, les rires des enfants et les discussions rempliront la rue... pour laisser place à une musique tonitruante dès 05h00.
Impossible d'avoir un sommeil réparateur.
Renseignements pris auprès de la réception, les policiers utilisent simplement l'hôtel comme "base" pendant quîls sont dans la région pour effectuer une mission de maintien de l'ordre. Cette façon de faire est monnaie courante... Ah bon...qu'est ce qu'on est rassurés ... Le soir, un policier qui parle plutôt bien anglais nous accoste.
Ce sera l'occasion de discuter pendant une heure de ce pays si déroutant, de ses inégalités sociales, de ses infrastructures si pauvres et de son potentiel. Le policier est sans illusions. Les pauvres essaient de survivre, et même si l'école est obligatoire, les enfants mendient ou travaillent pour ramener de l'argent pour manger. Les politiciens ne sont là que pour se remplir les poches. Et lui est là pour maintenir l'ordre dans cette région contre les traficants de drogues et les kidnappings, bien qu'il pense qu'il n'y ait pas vraiment de risques. Mais oui, il est d'accord de dire qu'il fait ici un métier très dangeureux. D'abord méfiant, habitué à en dire le moins sur lui pour se protéger, il nous avoue qu'il est papa pour la troisième depuis hier soir, mais ne sait pas comment sa femme va rentrer à la      
maison; il n'a réussi à la joindre qu'une fois. Tout cela semble si naturel pour lui. C'est son quotidien et c'est normal.
Uniques touristes, nous mangeons au restaurant de l'hôtel, encadrés par cent cinquante policiers en uniforme et autant de mitraillette. On n'a jamais été autant en sécurité... ou menacés ??

Ce matin, comme de coutume, un fou allume une musique tonitruante dès 5 heures... et l'éteint à 6:30. Merci, le mal est fait. Les cernes commencent à se creuser. Ils sont fous ces mexicains !
Après que les policiers cagoulés, armés et casqués soient partis à leur occupation par convois de pick-up, nous prenons la route pour rejoindre El Rosario, le sanctuaire des papillons Monarques.
Ces papillons migrent du Canada et des Etats-Unis chaque année et après un périple de 4000 kilomètres, 150 millions d'individus élisent domicile dès novembre dans treize sites précis au Mexique, dont El Rosario est le plus important. En mars, après les          
accouplements, ils repartent vers le Nord. Les scientifiques n'ont aucune explication sur le "pourquoi". Pour ce qui est du "comment", on sait maintenant que ces papillons s'orientent avec leurs antennes... Et puis peu importent les explications scientifiques, place à la beauté.
Nous atteignons le petit village, après plusieurs kilomètres d'une route... cahotique. Sur le parking désert nous devons d'abord nous assurer, contre propina, qu'un villageois surveille notre véhicule en notre absence.
Puis nous gravissons les quelques centaines de mètres, flanqués de baraquements branlants, où l'on vend nourriture ou des souvenirs des papillons. Des hommes s'affairent à coup de tronconneuse pour réparer ou édifier de nouvelles baraques pour être prêt à accueillir les flots de touristes en janvier, février et mars prochains.
Nous rencontrons Sarah et Robert, un couple d'américains du Colorado en visite ici pour la deuxième fois et avec qui nous ferons une partie de la visite.
La visite du site doit se faire avec un guide... qui ne dira pas un mot et nous mènera simplement à l'endroit où se trouvent les papillons. Ca fait tourner l'économie et c'est de bonne guerre. On s'est habitué à cette économie des petits boulots.
Nous montons lentement (on est toujours en altitude et l'essouflement nous guette en cas de zèle) les centaines de mètres qui nous séparent du sanctuaire.
Arrivés, nous levons les yeux et voyons des arbres entiers dont les branches plient sous le poids des milliers de papillons agglutinés, immobiles pendant que des milliers d'autres couvrent le ciel de leur ailes. Dans le silence, on entend le bruissement de ces milliers de paires d'ailes.
Le soleil se projette sur un arbre et ce sont des dizaines de milliers de papillons, revigorés par la chaleur bienvenue qui s'envolent dans un nuage vers le ciel.
Des individus se posent sur la tête des visiteurs, tombent au sol frigorifiés et repartent dès qu'un rayon de soleil les caresse.
Théopile est tout heureux : il en a apprivoisé un qu'il tient dans la main. Le papillon ne veut plus partir et restera dans la chaleur de sa main pendant toute la visite.
Le spectacle est silencieux, mais magique (voir la vidéo).
De retour au pamking-car, nous rencontrons deux voyageurs québécois, Denise et Etienne. Eux viennent de l'est et vont vers l'ouest. Nous faisons le trajet inverse. L'occasion donc de partager quelques bons tuyaux. Denise nous donnera un formulaire qui sert à dénoncer un policier en cas d'abus... heureux hasard, puisque le formulaire nous servira dès le lendemain matin...
En route vers Teotihuacan, un site archéologique, nous devons contourner Mexico par l'ouest. En effet, après de nombreuses rencontres de voyageurs et mexicains, nous avons décidé de ne pas visiter Mexico. Le traffic y est très dense et difficile et en cas d'égarement, cela peut être dangeureux.
Le trafic périphérique nous confirme que nous avons raison de ne pas y mettre les pieds. Il est 8 heures et des dizaines de milliers de véhicules, camions et bus roulent dans tous les sens vers la mégalopole. Attention aux feux, aux policiers aux gestes incompréhensibles, aux véhicules qui se serrent en 5 lignes sur 3 voies, aux chiens errants, aux vélos, aux gens qui traversent dans tous les sens. C'est chaud, il faut se concentrer.
Nous atteignons le Nord de Mexico et apercevons, sous le soleil brillant et un ciel bleu, la nappe de pollution grisâtre qui recouvre les collines environnantes et les milliers d'habitations de la banlieue... Au plus haut, note route passe à... 3035 mètres d'altitude !
A quelques kilomètres de notre destination, nous sommes arrêtés par la police qui est en train de gérer un accident de la circulation. Un des policier nous explique que nous n'avons pas le droit de circuler aujourd'hui pour aller à Teotihuacan. Il invoque d'abord un "hoy no circula", ces jours où, selon le dernier numéro de sa plaque d'immatriculation, il est interdit de circuler, pour lutter contre la pollution. Oui, mais nous ne sommes pas à Mexico ?? Il nous    
Aujourd'hui sera notre première visite d'un site archéologique important. Teotihuacan.
Pour y voir un peu plus clair entre tous ces peuples qui ont marqué l'histoire de la mésoamérique (du Mexique au Guatemala) - mayas, aztèques, zapotèques, mixtèques, olmèques ou autres toltèques - voici un petit tableau géo-chronologique récapitulatif :  
nous visiterons quelques jours plus tard). La gravir n'est pas simple et un panneau prévient dès le départ : cardiaques s'abstenir. Nous sommes haut et toujours cet oxygène qui           
manque. Nous arrivons au sommet essouflés. Quelques minutes pour reprendre notre souffle et profiter d'un panorama sur toute la ville. Sidérant.
Nous redescendons et nous dirigeons vers la Pyramide de la Lune dont l'esplanade est ceinturée par des temples plus petits. Nous sommes sauvés : l'accès est restreint au premier niveau. Mais les marches sont très hautes, 40 cm. C'est donc encore essouflés que nous arrivons au premier étage. Il faut voir le bon côté des choses : on a fait notre sport de la journée !
Et puis deuxième bon côté, nous ne faisons pas partie de ces esclaves ou prisonniers de guerre qui son sacrifiés puis précipités au bas des escaliers pour nourir la Terre. Les aztèques sont passés maitres dans l'art des sacrifices humains.  
Selon les mythes, ces derniers servent à nourrir le soleil et la terre. Mais derrière les mythes, ces sacrifices cachent une formidable puissance politique qui terrorise et maintien la population sous contrôle.
Du haut de la pyramide de la Lune nous faisons face à l'Allée des morts que nous venons de remonter. Encore une fois sidérant.
Au loin, les premiers cars viennent d'arriver et ont déversé les flots de touristes. Au loin, au sommet de la pyramide du Soleil, on distingue des dizaines de silhouettes, là où nous étions seuls il y a une heure... il est temps de partir.
Nous redescendons l'Allée des Morts. Il est maintenant 11 heures. Le soleil frappe fort. Nous croisons de nombreux touristes et des centaines d'écoliers en sortie scolaire qui nous salue d'un "Hello" en nous prenant pour des américains. Ils visitent Téotihucan comme nos enfants visitent Versailles...
A un peu plus de cent kilomètres au sud est de Teotihucan, nous arrivons à Cholula.
Nous nous dirigeons vers le centre ville pour y visiter la plus grande pyramide d'Amérique, Tepanapa, 65m, la deuxième plus grande du monde après Kéops. Mais nous ne la voyons pas. Au loin, seulement une colline surmontée d'une église. A chaque fois que nous demandons notre chemin, toujours la même réponse :" derecho derecho".. tout droit ! tout droit ! Oui mais tout droit, on arrive sur la colline ? Eh oui, cette pyramide est entièrement recouverte de végétation et d'arbres et donc... invisible. Bravo les gringos !
Voilà donc le résultat de ce voyage où il y a tant à gérer : on a même plus le temps de lire et de s'informer avant d'aller visiter... C'est la honte et on ne s'y fera pas reprendre.
Cette pyramide est en fait constituée de plusieurs batiments, et les archéologues ont aménagé un tunnel d'un kilomètre pour visiter l'intérieur et y comprendre quelque chose... Mais aujourd'hui le tunnel est fermé... dommage.
Nous gravissons les quelques centaines de marches... Et là encore attention; Cholula est à 2100 m d'altitude... Alors on monte lentement, une marche aprés l'autre... pour découvrir Nuestra Senora de los Remedios , une belle église d'un jaune pétant dont les hauts parleurs diffusent de la musique religieuse teintée à la mexicaine. De là haut, une superbe vue sur la plaine de Cholula et Puebla plus loin. Dans la brume, nous distinguons au loin les silhouettes des trois volcans qui ceinturent Puebla : Popocatepetl, la montagne qui fume, 5400m d'altitude, l'Iztaccihuatl et la Malinche.
Mais pourquoi une église sur un site préhispanique ? Pour faire court on pourrait dire que le site est préhispanique et l'église posthispanique :o)
En 1519, lorsque Cortes marche vers Mexico, il veut protéger ses arrières. Il fait donc raser Cholula, 100'000 habitants en massacrant quelques milliers d'habitants au passage, fait raser le temple toltèque au sommet de la colline pour y ériger une église bien espagnole et catholique; Nuestra Senora de los Remedios.
Malheureusement, à travers le Mexique, c'es souvent la même histoire qui se répète : la plupart des cathédrales seront érigées à la place de temples préhispaniques qui sont rasés.

De retour au camping, nous nous préparons pour une bonne nuit...agitée. Les pétards explosent sans discontinuer un peu partout dans les rues... Toute la nuit. C'est la veille de la Fête de Notre Dame de Guadalupe... encore une raison pour faire la fiesta. Trois semaines au Mexique et nous n'avons que très peu dormi. Les pétards, les réunions impromptues autour d'un feu ou sur le trottoir, les chiens errants qui aboient partout, les enfants qui crient et courent dans les quartiers jusqu'à minuit... Pas moyen de fermer l'oeil... et la musique... Ah oui la musique ! Omniprésente, venant des voitures passantes ou des hauts-parleurs sur les balcons, d'un bal, d'un concert ou d'une fiesta privée, d'un magasin ou simplement d'un ampli posé sur le trottoir, la musique est partout. Elle ne cesse que vers 2 ou 3 heures du matin, tous les jours de la semaine, pour reprendre vers 5 heures, ou 5 heure trente... Et plus on s'approche des fêtes de fin d'année, et plus cela va s'amplifier... Ces Mexicains, quelle santé !

Après Patzcuaro, Morelia et Cholula, nous commençons à comprendre le principe de visite d'une ville coloniale. D'abord, il nous faut traverser des quartiers plutôt modestes, voir pauvres, pour atteindre le centre historique qui lui est à couper le souffle. Ce centre historique se trouve généralement plus ou moins autour de la place centrale, le zocalo, où se trouve également la cathédrale. Ce sera pareil pour Puebla. Le camping étant assez éloigné du centre ville, nous prenons un collectivo, un mini bus pouvant transporter une dizaine de personnes. Ce sont en fait des véhicules privés réaménagés en transport en commun. Chaque ville a sa marque. Ici ce seront des Nissan, ailleurs des vieux VW. Tous sont peints de la même couleur et sont facilement indentifiables. Ce qui est plus difficile c'est de comprendre dans quelle direction ils vont. Les pare-brise sont recouverts d'indications de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Il ne reste parfois qu'un tout petit espace au conducteur pour entrevoir la route. Mais pour 20 pesos pour quatre (1,20 euro), on ne boude pas notre plaisir de nous mêler à la vie quotidienne des mexicains. Et évidemment, lorsqu'une famille française entre dans un collectivo, tout le monde la regarde. D'abord pour rentrer par la porte il faut se contorsionner tellement celle ci est étroite et basse. C'est sûr, on n'a pas l'habitude. Ensuite, c'est vrai qu'avec nos yeux bleus, nos cheveux châtains et notre style quéchua nous ne passont pas inaperçus au milieu des habits traditionnels multicolores que revêtent souvent les femmes et parmi l'océan de cheveux noir intense et souvent gominés des hommes. Scrutés avec gentillesse ou avec surprise par des pairs d'yeux noisettes, on se fait tout petits... Mais ces transports nous plaisent beaucoup. On a l'impression de vivre quelque chose de plus vrai que si nous prenions le taxi - chose que nous faisons lorsque nous ne trouvons pas les bus ou ne comprenons pas les multiples et gentilles mais néanmoins hispaniques explications pour nous y mener...

Bref, nous voilà au centre ville où s'égrainent de magnifiques églises et clochers, des musées, des places et des marché au charme fou. La visite commence par le zocalo où nous prenons un café pour nous remettre du collectivo et de la circulation de la ville. Direction le Templo de Santo Domingo, désigné au XVII siècle comme la huitième merveille du monde; un temple baroque à l'extérieur sobre mais dont l'intérieur est une débauche de stuc, d'or, d'onyx et de marbre. Une fois de plus, nous sommes impressionnés par cet étonnant contraste entre la richesse intérieure des églises et la pauvreté à l'extérieur.
Nous visitons ensuite la Cathédrale à l'intérieur richement orné... A cette heure, il y a la messe et l'église est...pleine.
A quelques centaines de mètres nous voulons visiter une bibliothèque plusieurs fois centenaires et patrimoine mondial de l'Unesco. Nous arrivons dans la maison de la culture où une lumineuse cour intérieure surplombée de belles arcades oranges et ocres est l'occasion de présenter un spectacle de danse. Différentes écoles de danses présentent des chorégraphies traditionnelles, folkloriques ou rap, saluées par les applaudissements des parents. Nous gravissons quelques marches pour atteindre la Biblioteca Palfoxiana, une simple allée richement ornée de bois ouvragé où 43'000 ouvrages - dont certains datent du 16e siècle - dorment. Les reliures marquées à la main et les sections – mysticisme, mathématiques, physique, ascétisme...- nous replongent immédiatement dans l'atmosphère du film "au nom de la rose"...
Encore quelques centaines de mètres pour arriver au Musée Amparo, sur les arts préhispaniques. Ici on passe de pièces en pièces en empruntant arcades, cour intérieur, couloir... et l'on ne sait plus où l'on est. Au détour d'un couloir, un tableau chronologique récapitulatif des civilisations préhispaniques et sites géologiques à travers la mésoamérique donne le tournis... C'est sûr, une vie ne suffirait pas à tout visiter et à tout comprendre.
Nous retournons à l'arrêt de bus en empruntant des rues où les piétons, trop nombreux sur des trottoirs trop étroits se disputent la route aux voitures. Là, une église donnant sur le trottoir a ses portes grandes ouvertes. Et pour cause : elle est bondée... il est 15:30 en ce samedi après-midi. Les coups de klaxon fusent, les odeurs des étales de viandes grillées caressent les narines, les couleurs sont vives, les murs décrépis et les trottoirs, toujours trop étroits, sont défoncés. L'atmosphère est enivrante.
Le bus qui nous ramène à travers les routes pavées et cahotiques, fait souffrir ses suspensions sur chaque "tope", trop nombreux et aiguisés comme des couteaux, et nous convainc de ce sentiment paradoxal : nous sommes dans un pays d'une tristesse envirante...

Ce matin il nous faut rejoindre Oaxaca. Mais avant cela, un "petit" détour par le village de Tonantzintla pour visiter le temple fou fou fou de Santa Maria. Bien que ce village ne se trouve qu'à 3km de Cholula il nous faudra pas mal de temps pour le trouver. Aucun panneau, les indications contradictoires des passants sur la direction, les distances... On ne parle même pas du GPS qui hors des grands axes est dans les paquerettes. Il nous faudra une bonne demi heure pour arriver au centre de ce petit village à la place désertique. Le soleil brille et le ciel bleu souligne d'avantage encore les couleurs ocres ou jaune de l'église.
Nous entrons dans cette petite église pour y découvrir un décor exhubérant : anges, statuettes, plumes, maïs, stuc se disputent la place aux guirelandes lumineuses de Noel. Dans le silence, le boitier électronique d'une guirlande diffuse doucement sa mélodie de Noël nasillarde.... Un mélange de religieux et de païen. Délicieux.
Nosu reprenons la route en faisant un crochet pour nous rapprocher du volcan Popocatepetl. D'immenses panaches de fumées s'échappent du cratère pour se mêler aux neiges de ses pentes ou aux nuages un peu plus haut. Malgré que nous soyons à plus de 2000 mètres, le volcan parait immense. Il culmine à plus de 5400 mètres. Il fume continuellement et est très étroitement surveillé...
Allez, direction Oaxaca.
En fin d'après midi, nous atteignons Oaxaca (les pros, c'est à dire tous les mexicains et nous, prononcent Oa-ra-ca). Pour rejoindre le seul camping connu, il nous faut traverser la ville du nord vers l'est, l'occasion une fois de plus d'apprécier la conduite rock'n'roll ou rallye, c'est au choix, de ces villes mexicaines. Pour s'en sortir, une seule solution : conduire comme les autres. On accélère, on freine, on change file sans clignotant (pas le temps !), on fait des queues de poisson involontaires (pas le temps de regarder les rétros), on grille les stops (pas le temps de   
Plus loin nous visitons une fabrique de cacao avant de hêler un taxi. Sitôt arrêté il se fait klaxonner par les autres véhicules. On saute à bord sans avoir le temps de discuter le prix. Oui car ici la plupart des taxis n'ont pas de compteur. On donne sa destination, le chauffeur articule un prix et si tout le monde est d'accord, en voiture simone !
Le taxi file à travers les rues, évitant les mille et un pièges de la route. Dans ces gauches-droites et ces freinages brutaux pour éviter les topes, il faut rester vigilant malgré la fatigue de la journée, pour repérer si la direction est la bonne... les taxis sont parfois peu recommandables... Mais une fois de plus, tout se passera bien... au son d'une musique mexicaine que diffuse la radio...
Au camping, Carol et son épouse sont arrivés. Nous les avions déjà rencontré au camping à Cholula. Tous les chemins mènent à Oaxaca !
Ce jeu, où des équipes s'affrontaient avec une balle de caoutchouc frappée par les hanches, les genous ou les épaules, avait un aspect souvent rituel et permettait parfois de résoudre les conflits entre clans... ou finissait par le sacrifice des joueurs vainqueurs... Zidane n'y aurait pas vécu longtemps :o)
Du haut de la pyramide Sud nous contemplons la ville. Tirée au cordeau, elle baigne sous le soleil mexicain rayonnant. La contemplation silencieuse est rompue par l'arrivée bruyante de quelques dizaines de jeunes écoliers en uniforme. Encore une sortie scolaire à Versailles :o) Ils descendent les hautes marches de la pyramide avant de se mettre en rang par deux  
sous les ordres de la maitresse. Ils repartent en silence, en pas cadencé comme des militaires ... avant que l'un d'eux n'ose un "Adios" adressé aux quelques touristes restés en haut de la pyramide. Cet "adios" déclenche une série de "bye bye" et d'"hasta luego" tous plus bruyants les uns que les autres. Finalement tous les gamins en bas et tous les touristes en haut finissent par se crier des "au revoir" en anglais ou en espagnol en agitant les bras dans tous les sens dans les rires amusés des enfants et les sourires des adultes... avant que le silence ne regagne le site...
Nous regardons en contrebas l'édifice "J", un bâtiment que les scientifiques pensent être un observatoire. Descendus de notre pyramide, nous arrivons devant les bas reliefs des "danzantes", les danseurs. Malgré leur posture "dansantes" on pense plutôt aujourd'hui qu'il s'agit de prisonniers torturés et sacrifiés. Sympa.
Enfin nous nous dirigeons vers l'entrée du site, toujours abordés par les vendeurs de souvenirs affirmant habiter à quelques centaines de mètres depuis des générations et que leur statues ou masques sont faits de leur mains... "No gracias".
Nous quittons le site. Notre prochaine destination est San Cristobal de Las Casas, 600 km à l'est. Il est midi et nous hésitons à prendre la route vers Tehuantepec, étape intermédiare située 250 kilomètres au sud-est ...Pas sûr que nous y soyons avant la nuit.
On opte pour l'option pépère : on retourne au camping pour faire les devoirs, manger et se reposer. Sur place, Calvin et Leanne, le couple de canadiens, nous confirme qu'il est trop tard pour espérer arriver avant la nuit... 250 kilomètres par cette route, il faut entre 5 et 6 heures pour les faire... OK, demain départ à 6h00.

Les intentions étaient bonnes... partir à 06:00. Mais à force de papoter avec les autres voyageurs au camping, on ne décollera qu'à...10:30. 250km pour atteindre Huacantepec, dont 200 km à travers la Sierra Madre Del Sur; des centaines de sommets enchevêtrés à perte de vue, et autant de virages à négocier pendant des heures... fatiguant. Il nous faudra 5 heures pour atteindre notre destination.
Après accord du gérant, nous établissons notre campement pour la nuit entre deux semi remorques sur une immense station service Pemex... La nuit sera bruyante. Demain, direction San Cristobal de Las Casas...
avant que son ami Jesus n'arrive pour voir que le salaire qu'ils vont se partager est inférieur à celui qui avait été négocié la veille...
Nous les laissons à leurs affaires et regagnons le pamking car. Une bonne douche, un plat de pâtes et... il est temps de se mettre aux devoirs... Les enfants sont courageux et s'y mettent sans ronchonner. Harassés mais heureux nous nous endormons malgré les coups de feu dans la vallée... la chasse a repris...

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