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Ca y est, nous y sommes. L'Argentine. L'un des deux derniers pays de notre périple. C'est comme la fin du voyage. Mais une fin qui ne va pas arriver tout de suite. On nous l'annonce dès la frontière; Buenos Aires est à plus de 2000 kilomètres, Ushuaïa à plus de 5000. Nous voilà prévenus, le pays sera vaste.
Après notre passage de frontière relativement lent en raison d'une douanière sous calmants, nous allons bivouaquer près de la Laguna Colorada, un lieu sacré pour les indigènes. A plus de 3 400 mètres, nous sommes seuls avec, en contrebas, la lagune presque asséchée en cette saison et quelques flamands roses. Le tour de la lagune se      
Nous reprenons la route vers le Sud et atteignons la petite ville de Huamahuaca. Là, nous recherchons avidemment un quelconque endroit avec une télévision... Le temps presse : la finale du Mundial commence dans quelques minutes. Nous trouvons finalement un petit café-restaurant où quelques argentins attendent impatiemment le début de la rencontre. La moitié de la minuscule salle est pour l'Espagne, l'autre moitié pour les Pays-Bas... allez comprendre. Les paris vont bon train – un client qui n'a visiblement pas l'intention d'attendre la fin du match pour arroser abondamment l'événement propose à Alexandre de parier une bouteille de coca, non deux. Finalement l'Espagne gagne le match et nous perdons notre pari. Viva l'Espana !
Nous passons la soirée près de la place du village où nous rencontrons deux familles argentines qui voyagent en camping car. C'est les vacances. L'un des papas est fier de nous avouer qu'en août il partira en vacances en Europe, pour la première fois de sa vie. Il compte visiter en un mois l'Espagne, la France, l'Italie, la Suisse et l'Allemagne... Nos premiers contact avec les Argentins nous confirment ce que d'autres voyageurs nous avaient dit : les Argentins sont accueillants et d'une grande gentillesse.

Ce matin est consacré à la recherche d'une assurance pour le pamking car... passionnant. Après quelques essais, une assurance nous confirme que c'est possible. Le contrat sera près pour 14 heures. Nous en profitons pour visiter Humahuaca. La Plaza Sargento Gomez – la place centrale - baigne dans une ambiance gaie. Les groupes de musiques se succèdent à l'ombre des arbres, devant la cathédrale. Plus loin, les touristes déambulent entre les étales couverts de souvenirs artisanaux, de part et d'autre du long escalier qui mène au Monumento a los Heroes de la Indepedencia, une oeuvre contemporaine en bronze dédiée à commemorer la fin de la colonisation.  
De retour à 14 heures à l'assurance, nous essuyons finalement un refus gêné de notre interlocutrice. La Direction Centrale ne veut pas assurer les étrangers. Elle est désolée, c'est comme ça. Pas autant que nous, car il va falloir remettre ça.
Nous reprenons la route vers Tilcara, plus au Sud. Nous nous emerveillons de rouler sur des routes parfaitement goudronnées, avec des panneaux à chaque croisement, traversant des villes où les rues ont des noms et les maisons des numéros. Nous pouvons effectuer 100 kilomètres en un peu plus d'une heure... ce qui nous prenait une demi journée dans d'autres pays. Une facilité de déplacement que nous avions oublié.
A Tilcara, nous recherchons d'abord une assurance pour notre véhicule. Au fond d'un magasin qui vend chaussures et papeterie, nous trouvons, dans une sorte de remise, un assureur dont l'espace de travail se résume à un minuscule bureau dont toute la place est occupée par un ordinateur... Promis, juré; le contrat sera près pour demain matin.
Nous en profitons pour visiter le village archéologique fortifié de Pucara, tout près. Après les grandioses vestiges aztèques, mayas ou incas, difficile de trouver ce village impressionnant. Mais le site est simplement magnifique, entouré de montagnes pelées, balayé par un vent puissant et glacial... Les enfants s'amusent à cache-cache entre les habitations, comme devaient le faire il y a 800 ans, les enfants de la Quebrada.
13/07
L'assureur a tenu promesse. Nous finalisons le contrat – où notre camping car s'est mué en pick-up (moins cher) – et nous partons visiter la Garganta del Diablo – la Gorge du Diable – un petit canyon au fond duquel coule une rivière presque à sec. Nous remontons le lit de la rivière où les enfants s'amusent à construire des barrages. La promenade se termine aux pied d'une cascade.
Nous reprenons la route en direction du Chili. Nous passons par des paysages désertiques où les montagnes pelées et les canyons sont légions. Les couleurs sont sublimes.
Nous arrivons enfin à Susques, à 3 600 mètres d'altitude, un petit village où se reposent les camioneurs venus du Chili avant de continuer leur route. Renseignement pris auprès de la station service – 2 pompes à essence des années 60 – l'endroit est calme. Le pompiste nous déconseille de dormir près de la station : " Vous serez en plein vent, il fait froid la nuit". Nous allons donc nous "blotir" entre deux semi remorques un peu en contrebas où nous passerons une nuit calme... mais fraîche malgré tout.
On fait quand même une petite incursion dans la Valle de la Muerte qui, dans sa première partie, est encaissée et donc un peu abritée des vents.
Nous passons la journée à travailler sur le site web et faire des révisions à l'abri dans le camping car. Même l'excursion "Observation des Etoiles" que nous avions prévue pour ce soir est annulée. Partie remise.
Ce matin le vent ne semble pas se calmer. En fait quand il y a vent de sable, cela dure en général trois à quatre jours. Nous décidons donc de partir en direction du Nord et de revenir dans quelques jours. A Calama, nous faisons des courses MONSTRUEUSES dans un super marché. Depuis les Etats-Unis nous n'avions pas vu de magasin aussi bien achalandé. Et après la Bolivie - qui n'est pas vraiment réputée pour sa gastronomie - nous nous transformons en vrais voraces. Heureux – et presque pas honteux cette fois ci -  de retrouver la société de consommation. Nous allons enfin pouvoir manger à notre faim des aliments qui nous font envie. Ca aussi, nous l'avions oublié.

La route continue en direction du VLT, le Very Large Telescope, à 200 kilomètres au Sud d'Antofagasta. Nous sommes vendredi soir et nous nous pressons d'arriver car le téléscope ne se visite que le week-end... enfin que les deux derniers week-ends du mois. Nous arrivons donc une semaine trop tôt. Et c'est évidemment ici, à l'entrée de la route menant sur le site du VLT – à seulement 4 kilomètres - que nous l'apprenons. Il fait déjà nuit et nous prenons ensemble la décision de simplement attendre pendant une semaine. Cette visite nous tenait trop à coeur. Nous poursuivons donc la route sur une trentaine de kilomètres et arrivons de nuit sur le "port" de Paposo, un petit village de pêcheurs, de 400 âmes. Heureusement que nous avons fait le plein de courses car il n'y a pas le moindre magasin à moins de 100 km.

Au matin, nous cherchons un endroit tranquille pour patienter une semaine. Nous le trouvons à une dizaine de kilomètres de piste du petit village. Tout au bord de l'océan Pacifique, avec la cordillère côtière qui monte à pic derrière nous. Nous trouvons le coin idéal. La côte est entièrement désertique à cause du courant froid de Humbolt qui remonte du pôle Sud et qui assèche les terres en captant toute l'humidité possible. Ce paysage si dénudé a quelque chose de lunaire. Nous sommes totalement seuls, la vue subjugante. La mer apporte des bois flottés avec lesquels nous pourrons faire des feux tous les jours. Les garçons s'amusent avec les étoiles de mer et imaginent des châteaux forts. Nous avons repris sérieusement les révisons scolaires avec les boys afin que la reprise de septembre ne soit pas trop brutale. Nous cuisinons beaucoup - pour une fois que nous en avons le temps (!) - nous  économisons l'eau (170 litres pour une semaine à 4 c'est un sacré challenge) et surtout nous dormons. L'altitude, les pistes, ou les semblants de route, la maigre nourriture et les perpétuelles fiestas des pays précédents nous ont épuisés. Même les enfants ne rechignent pas à dormir parfois 15 heures par nuit.
Tout est délicieusement calme et silencieux. Nous verrons à peine 3 personnes passant avec un filet de pêche ou un ballot d'algues séchées sur l'épaule. Une semaine qui se révélera finalement un moment très apprécié dans notre voyage. Nous allons quand même 2 fois au village pour téléphoner avec le seul appareil téléphonique du coin dans le dispensaire qui sert aussi de poste et d'école. Pas de réseau de mobile à moins de 100km ! Ca existe encore ça ? Oui et c'est magique. Rien ne vient troubler la quiétude du coin. Une semaine très chouette ou comment un contre-temps se transforme en bon-temps.
Depuis plusieurs semaines nous avons sur le ciel des vues hallucinantes la nuit. Les déserts du Nord du Chili, de l'Argentine et du Sud de la Bolivie offrent pratiquement 365 jours sans nuages. L'altitude (entre 3'500 et 4'500 mètres)  qui diminue la couche de l'atmosphère, l'air qui est très sec, et surtout, ce désert qui nous entoure à des centaines de kilomètres à la ronde où il n'y a aucune source lumineuse qui vienne polluer la nuit, font de cette région un lieu privilégié pour observer le ciel. Et c'est d'ailleurs bien pour cela que la plupart des téléscopes de l'hémisphère Sud sont installés ici.
De retour vers le VLT, les premiers panneaux nous rappellent d'ailleurs de ne pas utiliser de grands phares pour ne pas troubler les observations nocturnes.
Le VLT - Very Large Telescope - est le plus grand et donc le plus puissant téléscope du monde. C'est en réalité un complexe de huit téléscopes – 4 grands et 4 petits - qui peuvent travailler seuls ou conjointement, un projet financé par 14 pays Européens. D'autres projets suppérieurs sont en cours de réalisation à quelques kilomètres d'icu où à Hawai.

Juchée au sommet d'une montagne pelée et étêtée, la ville lunaire a trouvé son nid d'aigle. Après notre inscription au bâtiment de la sécurité, à l'entrée du site, nous visitons la petite salle pédagogique qui explique le projet aux néophytes que nous sommes. Une famille Helvetico-Péruvienne de Fribourg visite le site en même temps que nous. C'est drôle. Avec notre véhicule, nous suivons notre guide jusqu'au sommet de la montagne, aux pieds de quatre bâtiments impressionnants. Ces batiments ont tous un nom en Mapuche signifiant : Lune, Vénus, Mars et Croix du Sud... On ne peut pas trop se tromper sur la nature des recherches.
Il fait jour et ce que nous visitons ce sont les téléscopes. Pas d'observation du ciel donc. Elles ne sont d'ailleurs réservées qu'aux astronomes. Et on le comprend bien vu la complexité et probablement le coût d'utilisation du matériel. Le miroir du téléscope, composé en fait d'une toile d'aluminium tendue, a un diamètre de 8 mètres. Toute la structure du bâtiment tourne selon le point du ciel à observer. Le télésope lui-même s'oriente aussi. Il fait froid car la température est maintenue très basse afin que les rayonnements magnétiques et autres ondes émis par les appareils electroniques ne viennent pas troubler l'information recueillie ici : des rayonnements venus de milliers d'années lumière. Chaque bâtiment est
entièrement monté sur un bain d'huile pour suporter les séismes réguliers de la région. Les innombrables câbles qui partent en tout sens et les structures métaliques font ressembler le lieu à un vaisseau spatial. Nous sommes impressionnés par une telle complexité. Les garçons sont très intéressés par le sujet aussi. Alexandre pose des tonnes de questions à la guide - comme d'habitude - et Théophile prend des notes et fait des plans des bâtiments et téléscopes.
Nous nous rendons ensuite au bâtiment qui abrite les bureaux des astronomes et où convergent les données des différents télescopes. C'est de là que des techniciens commandent les téléscopes à la demande des scientifiques et qu'ils passent leurs nuits blanches à analyser des données étranges sur des écrans. Car c'est bien par le biais d'un écran que le ciel est vu.
Un écran tout orange, avec des graphiques, des alignements de chiffres. Pour nous à peu près aussi clair qu'une échographie. Pour eux ce sont les traces du big bang, l'histoire de l'univers, du début et de la fin de la vie telle que nous la  
connaissons. Nous ne savons pas si c'est le fait d'avoir constamment la tête dans les étoiles, ou d'observer jusqu'à 8 écrans simultanément pendant des heures ou encore les nuits blanches successives, mais les astronomes, on les reconnait très facilement; une barbe de 3 mois, une blouse blanche avec un gros anorak par dessus, des birkenstock et des chaussettes blanches sur pantalons trop courts et pas repassés, une énorme tasse de thé ou de tisane à la main et une démarche peace and love de tortue additionné d'un regard hagard. Même si nous marchons sur la même terre, nous n'appartenons plus visiblement au même monde.
A la question : "Quelles sont les découvertes récentes importantes ?", la guide se retourne et d'un sourire radieux nous lance : "La semaine dernière nous avons trouvé un soleil 200 fois supérieur au notre !"

A côté du complexe, un immense hôtel sous-terrain avec jardin exotique, piscine et restaurant est réservé aux scientifiques qui viennent des quatree coins du monde pour une ou deux semaines d'observations. Et oui, même les têtes dans les étoiles il faut bien que les savants remplissent leurs estomacs et dorment... le jour. L'endroit est si insolite qu'il fut le décor du dernier James Bond. Un rocher en carton, vestige du tournage, permet même à Théophile de se prendre pour Hulk.

Nous repartons ravis de la visite, de ce que nous avons appris et de ce que nous avons compris que nous ne comprendrons jamais. Nous ne sommes même pas des poussières dans cet univers infini...

En repassant par Calama, nous rencontrons deux cyclistes français, Jean-Luc et Mathieu, un père et son fils, qui parcourent la région à vélo pendant quelques mois, à la limite parfois de l'exploit sportif (leur site). Leurs réalisations nous impressionnent; des cols à vélo à plus de 4000 mètres, du trekking sur les sommets de plus de 5000... Courte et sympathique rencontre.
Nous passons finalement la nuit sur le stationnement d'un hôtel car la ville n'a pas très bonne réputation.
Nous arrivons tôt au centre qui organise les tours de la mine de Chiquicamata. Malgré nos nombreuses tentatives pour réserver la visite, nous ne savons pas encore si nous pourrons monter à bord du bus. Finalement, le bus n'est pas plein. Même un groupe de 7 ou 8 Suisses arrivés une heure avant le départ y trouve sa place. Dans ce groupe, deux personnes travaillent aux Hôpitaux universitaires de Genève. Quelle coïncidence. L'occasion pour Gilles d'échanger quelques nouvelles de son ancien boulot. Le monde est petit.

Tous ces petits Suisses – eux et nous donc – montent à bord et enfilent le joli casque rouge qu'il est préconisé de porter. A quelques kilomètres, nous arrivons sur le site. Nous commençons par visiter la ville de Chuquicamata, devenue ville fantôme depuis que la loi oblige tout habitant à résider à plus de dix kilomètres d'une mine. Les mineurs habitent maintenant à Calama. Les rues sont vides, le coiffeur ne coupe plus de cheveux, les fours de la boulangerie se sont éteints, les couloirs de l'école sont silencieux et le postier ne tamponne plus de lettres. Tout est resté intact pour conserver la mémoire d'un véritable village. Un lieu où la vie pourrait reprendre en un clin d'oeil tout comme elle s'est éteinte.
question :"Quelle quantité de minerai est extraite par année ?", le guide nous réponde "par année je ne sais pas, je sais seulement par jour. Nous extrayons 100 000 tonnes de roches par jour, dont 1% est constitué de cuivre à 99% pur. Soit 1000 tonnes de cuivre".  Un peu étourdis par la démesure de tout mais très contents de la visite, nous rentrons à la base de départ et remettons nos casques rouges à leur place.

Nous passons ensuite devant des machineries, des bassins, des usines d'un autre temps et pourtant pas si anciennes que ça. Nous pénétrons dans la mine à proprement dite. En activité 24 heures sur 24, 365 jours par an, la mine est grande. A vrai dire c'est la plus grande mine à ciel ouvert au monde. 5 kilomètres de long, 3 de large et 1 de profondeur. Le bus tourne autour d'un véritable cratère. Il nous dépose près d'une passerelle d'observation où nous comprenons encore plus à quel point nous sommes petits face à la taille de la mine. La visite est rythmée par une liste de chiffres plus assomants les uns que les autres. Même la taille des camions laisse sans voix. Leurs pneus sont aussi hauts que notre camping car. A la   
Nous commençons la journée par la visite de la Valle de la Luna qui - comme son nom l'indique - est lunaire. Tout ici n'est que minéral. Les formations rocheuses, les couleurs de terre, les anciennes mines de sel translucide et les paysages sont saisissants. Notre vaisseau ne vole pas et nous n'enfilons pas de combinaison pour sortir. Pas de grand pas pour l'humanité mais de nombreux petits pas pour les matton, l'appareil photo en bandouillère.

En resortant de la vallée nous rencontrons, Joël et Valérie, deux voyageurs français avec qui nous échangeons des nouvelles de la France. Moins loin que la lune quand même.
Ce soir nous partons enfin à l'observation des étoiles, visite annulée il y a dix jours à cause de la tempête de sable. Ce soir, pas un grain de sable à l'horizon et pas un nuage dans le ciel. Génial. A San Pedro de Atacama, en cette saison, il fait frais le jour... Et il fait carrément froid la nuit. Tout emmitouflés avec double couche d'habits, gants, bonnet et écharpe, c'est en véritable bibindum que nous marchons vers le bus qui nous emmène au poste d'observation. Sur place, notre hôte – Alain, un passionné d'astronomie depuis des décennies - nous accueille autour d'une unique bougie afin d'habituer progressivement nos yeux à l'obscurité. Le décor est planté. Ce soir, nous ne toucherons pas terre, le nez dans les étoiles.
Les explications d'Alain sont vulgarisées, claires et captivantes. Nous en apprendrons et surtout comprendrons beaucoup sur le ciel ce soir. Chaque explication est accompagnée d'une               
observation au téléscope. Le jardin où nous nous trouvons est d'ailleurs un véritable champ de téléscopes. Des gros téléscopes qui pointent vers Vénus, Alpha du Centaure, une nébuleuse au nom mathématique, des étoiles vertes, les constellations de la Vierge, du Capricorne, de la Croix du Sud et - clou du spectacle - Saturne dont nous verrons même les anneaux. Difficile de ne pas léviter. La voie lactée est tellement claire qu'elle trace une autoroute blanche qui scinde le ciel en deux... Jusqu'à ce que dame lune s'invite à la fête. Son arrivée éclipse bien entendu toutes les autres dames de la soirée et nous finissons par n'observer plus qu'elle. De ce côté-ci de l'hémisphère elle n'a pas un visage de Pierrot, mais celle d'un lapin. Bref, ici elle a la tête en bas... et nous nous perdons un peu le nord...
La soirée aurait été parfaite sans les taquineries à répétition d'Alain sur les enfants qui, à la longue, les ont moyennement appréciées. Il faut bien un bémol pour que l'accord soit parfait !
La journée est entièrement consacrée à la mise-à-jour du site. Et oui, même si le texte, les photos et les films sont prêts, il faut parfois des heures de faibles, aléatoires et interrompues connections pour up-loader les infos. Existe-t-il un prix Nobel du "Non-je-ne-jetterai-pas-ce-foutu-ordinateur-par-la-fenêtre-malgré-que-j'en-crève-d-envie" ?
En route vers les geysers d'El Tatio, à 90 km au Nord-Est de San Pedro, on ne peut s'empêcher de penser à Yellowstone. Nous y avons vu tant de geysers, aux formes, couleurs et activités si diverses que nous nous demandons si nous réussirons à apprécier El Tatio. La route, ou plutôt la piste, est sublime. Nous montons beaucoup en altitude, alors que nous étions déjà pas mal haut. Les couleurs s'intensifient. Au passage très serré – du nom sans équivoque de Pasaje del Diablo – nous laissons sur la piste une bonne quantité de gomme. Nos pneux étaient déjà fatigués, désormais ils sont anéantis... Pourvus qu'ils tiennent encore un peu... Ca passe quand même. Au passage nous volons quelques sublimes photos aux paysages gelés et picorés par de rares vigognes et autres volatiles dont nous ne connaissons pas les noms. Enfin nous voilà à l'entrée du parc qui surplombe le bassin de geysers.

Le coin est une attraction toursitique majeure de la région, mais nous sommes entièrement seuls. En effet, les bus de touristes arrivent très tôt le matin – quand les geysers sont plus actifs - et désertent le site après à peine 2 heures de visite. Nous faisons donc une première visite – seuls - entre fumeroles blanches et eaux bouillonnantes. Nous arrivons aux termes – un bassin à ciel ouvert aménagé au bord des geysers. Une famille s'y baigne mais se prépare déjà à repartir. Nous allons avoir tout loisir de profiter de notre bain.
Il fait froid et bien que le soleil brille intensément, il n'arrive pas à réchauffer l'atmosphère. Mais nous sommes tous les quatres dans un bain sublimement chaud dont le vert nous invite à la détente. Les fumées blanches créent un hammam géant... Nous sommes magnifiquement et égoïstement seuls au monde.
Ce matin, il fait encore nuit noire lorsque nous commençons notre deuxième visite. Il est six heures du matin. Nous ne sommes pas seuls cette fois-ci. Cinq ou six cars d'une trentaine de visiteurs sont déjà là. Caméras et appareils photo au poing, ils sont aux aguets. Nous déambulons entre les trous - d'où jaillissent parfois des colonnes d'eau de 1 ou 2 mètres de haut - et les petits rus de bulles pétillantes. Certains geysers sont légèrement colorés d'ocre ou de jaune. Quelques visiteurs se photographient carrément dans le lit d'un geyser éteint. Ils se relèvent vite car la chaleur de la croûte les brûlent à travers les pantalons. Considérant les panneaux qui indiquent que le terrain est très instable et peut céder à tout moment, c'est carrément de l'inconscience... Nous nous dirigeons à notre tour vers les geysers qui, hier soir, étaient plutôt calmes. Ce matin c'est l'effervescence et l'eau jaillit anarchiquement ou de manière plus rythmée. Le site nous enchante.
Aux termes aussi c'est l'effervescence. Des dizaines de brésiliens barbotent déjà dans les eaux chaudes, rejoints bientôt par une foule d'autres nationalités. Il faut se déshabiller devant tout le monde. Pas de vestiaires. Les corps se préparent timidement. Pas trop quand même parce qu'il fait très froid; entre zéro et –5°C. Ils se déshabillent donc rapidement et plongent encore plus rapidement dans l'eau. Au diable la gêne pourvu qu'il y fasse plus chaud. Tout le monde rigole. Nos garçons ne résistent pas à l'envie de les rejoindre. La sortie de l'eau est encore plus clownesque. Les corps mouillés, même au sortit d'une eau à 30°C, sont saisis dès la sortie du bain. Rentrés assez rapidement dans l'eau, c'est en courant qu'ils en sortent, se réhabillant à moitié mouillés. Tant pis. Les habits éparpillés sur les rochers sont très vite remis. Tout comme les gants, les bonnets et les écharpes.
Depuis San Pedro, nous remontons vers le col de Jama en direction du Sud Lipez, un désert en Bolivie où nous espérons voir les Lagunas Blanca, Verde et Colorada avec notre fidèle pamking-car. Les 30 kilomètres de montée sont interminables. Le moteur s'essouffle. En première, nous devons nous arrêter à plusieurs reprises pour le laisser refroidir. Quelques camions font de même. Nous croisons aussi quelques entêtés conducteurs qui ont poussé trop loin leur machine, dont le radiateur a finit par rendre l'âme...
Après un passage en douane digne des films d'aventure, nous faisons le tour de la Laguna Blanca, recouverte de glace et nous arrêtons devant la Laguna Verde, qui doit sa couleur émeraude à un mélange de magnésium, arsenic, cuivre et plomb, rendant toute vie impossible.
En reprenant la piste, un gros bruit – comme si un ressort d'amortisseur venait de céder – nous arrête. Aïe. Le moteur fait aussi un bruit beaucoup plus sourd maintenant. Raisonnables, mais la mort dans l'âme, nous décidons de rebrousser chemin vers San Pedro. Ce qui implique, après seulement trois heures, de repasser les douanes Bolivienne et Chilienne en sens inverse. Les douaniers ne comprennent pa très bien et nous font une drôle de tête.

A San Pedro, nous dérangeons visiblement le garagiste qui est en plein partie de Tejo (genre de pétanque Sud Américaine). Il se penche très non-chalamant sous les roues et nous informe avec une assurance à nous faire douter de notre prénom, que c'est l'amortisseur qui est foutu. Pas très convaincus, nous décidons d'aller faire vérifier cela à Calama, la ville la plus proche, 100 km plus à l'Ouest.
C'est dimanche. Les garages sont fermés, alors on révise, on nettoie, on se promène et on se repose à San Pedro, en attendant de prendre la route, demain, vers Calama.
A Calama, le professionnalisme des garagistes nous laisse pantois. Chez Fiat, les garagistes, visiblement désoeuvrés, refusent pourtant de se pencher pour diagnostiquer quelque chose. Ils nous affirment que oui, d'après notre déscription c'est bien l'amortisseur qui est à changer. Mais rien ne presse puisque de toute façon, quelque soit la pièce à réparer, il faut la faire venir de Santiago. Quatre jours d'attente. Ben voyons ! On est bien chez Fiat n'est-ce pas ? Chez Toyota, ils n'ont pas le temps de regarder avant demain. L'agenda est trop rempli. Chez Nissan, ils semblent un peu plus volontaires. Le mécano fait un tour avec nous pour identifier le bruit bizarre. On s'arrête pendant 20 minutes dans... la décharge de la ville où le mécano – avec plein de bonne volonté ça se voit - récupère des manches à balais dans les ordures pour essayer de tordre la plaque metallique qui protège le moteur. Il y a plus rassurant comme approche. Il pronostique un problème de la crémaillère de direction. Les amortisseurs n'ont rien à voir. Les garagistes de Calama ont été dignes de leur réputation : les meilleurs sont engagés à la mine et les mauvais restent à Calama.
Nous décidons de tenter notre chance : pour réparer nous irons jusqu'à Salta, en Argentine, à 400 kilomètres. Là bas, un grand garage Fiat a meilleure réputation.

Avant de nous rendre à Salta et de quitter définitivement San Pedro, il nous reste à aller visiter le Sud Lipez.  Nous réservons une virée en 4x4 pour le lendemain, auprès de "Atacama Mistica" (leur site), dont nous avons promis de faire la pub. Voilà chose faite.
Ce matin, nous partons donc en 4x4 visiter le Sud Lipez. Un petit bout à tout le moins. C'est probablement ce que nous aurions dû faire depuis le début. Mais on est des Matton - avec deux "t" comme dans "têtu" - où on l'est pas.
Nous voilà donc confortablement assis dans un Land Cruiser Toyota, silencieux malgré la piste de tôle ondulée, pas poussiéreux et surtout pour lequel nous n'avons aucune responsabilité. A mille lieues de notre camping car. Il faut avouer que lorsque l'on roule avec son propre véhicule sur les routes de ce continent, on est toujours concentré, voir stressé pour certaines sections. Aujourd'hui, nous sommes vraiment tranquille. Surtout Gilles qui peut se laisser aller à simplement admirer le paysage. Et ici il y a de quoi. Nous repassons aux Lagunas Blanca et Verde qui sont sans aucun doute l'un des endroits les plus beaux que nous ayons jamais vu. Nous observons au loin les rochers de Dali, rappelant les formes dégoulinantes du peintre espagnol et nous arrêtons aux eaux thermales, au milieu de nulle part, où les enfants feront une rapide trempette (ici aussi il fait TRES froid). Au loin, le vent soulève le sable, formant des nuées de plusieurs centaines de mètres de haut.
Plus loin, nous observons les geysers. Nous sommes à 4980 mètres d'altitude. Record battu. Nous finissons notre tour aux abords de la Laguna Colorada. Comme son nom l'indique elle a plusieurs couleurs. Et notamment le rouge – même s'il est moins intense que ne laissaient entrevoir les cartes postales. Ici, même en hiver, quelques flamands roses des Andes sont restés et n'ont pas migré comme leurs congénères. La Laguna Colorada leur procure crevettes et mcro-organismes qui leur donneront leur couleur si caractéristique. Nous les observons longuement. Comment des animaux peuvent-ils vivre dans un lieu au climat si extrême ?
Après un repas spartiate (c'est que les petits Savoyards on ne les nourrit pas avec un verre d'eau, une demi-pomme de terre, une moitié de tomate et trois-quarts de saucisse), nous reprenons le chemin en sens inverse. De magnifiques paysages, la tranquillité d'esprit en prime. Dommage que les haltes soient chronométrées – 20 minutes maximum. Nous ne sommes plus habitués à vivre sans cette souplesse qu'offre le pamking-car.
Adieu déserts enivrants de Bolivie et du Chili. Argentine, nous revoilà !

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habitué et n'est pas surpris le moins du monde de notre don  inhabituel.
Nous arrivons enfin à la frontière. Deux maisons en pierre, perdues dans un paysage toujours aussi aride, font office de bureaux des douanes pour l'Argentine. La procédure est claire : police, immigration, véhicule, police. Les douaniers sont assez sympathiques. En quinze minutes nous voilà prêt pour passer la frontière Chilienne. Nous reprenons la route. Un panneau nous souhaite la bienvenue au Chili, mais après une dizaine de kilomètres toujours rien. Pas l'ombre d'une douane Chilienne. Nous faisons demi-tour par acquis de conscience. Nous ne trouvons rien. Retour à la douane argentine qui nous informe – comme si c'était évident – que les bureaux de douane chilien se trouvent à San Pedro de Atacama, à 160 kilomètres d'ici... ben voyons.