Accueil

retour à l’accueil

Photos
SDM
Infos
Contact
Projet
Projet
Carnets_Parents
Carnets_Parents
Carnets_Alexandre
Carnets_Theophile
Carnets_Fenouil
Accueil
Tout ce qu'il faut pour nous remettre de nos "émotions" du passage de la douane.
Pourtant nous étions parfaitement d'accord de payer la somme demandée. Nous voulions juste un reçu. Et c'est là que ça coince. Le douanier ne veut pas nous en donner. Les choses se corsent lorsque le chef comprend que le jeune douanier essaie tout simplement de nous soutirer de l'argent alors que le passage est totalement gratuit. Ca chauffe. Le jeune se fait remonter les bretelles et se met à pleurer. Un autre douanier nous fait ce signe universel pour lequel il n'est pas besoin de comprendre les langues : "Dégagez!". Nous partons. Au loin des cris sortent du bureau des douanes. Nos premières secondes dans ce nouveau pays se font donc dans l'énervement. Dommage.

On la dit touristique. C'est vrai. Et pourtant Copacabana nous charme tout de suite. Aussi nous décidons d'y rester une journée à flâner. Il y règne en plus un air de coupe du monde et les cafés affichent les matchs qu'ils retransmetterons cet après-midi et que nous ne manquerons pas.

Sur le parvis de la cathédrale baroque nous attendent quelques surprises. D'abord un mariage. Tout en fraîcheur, la mariée embrasse tous les convives qui lui laissent tomber une poignée de pétales blanches sur la tête. Le marié, cheveux gominés, est fier comme un coq et tout le village semble s'être paré de ses plus beaux costumes. Un régale pour les yeux. Un petit orchestre mexicain joue au micro saturé couvrant la clameur de la foule. Nous les laissons à l'intimité de leur fête et partons observer une autre activité des plus pittoresques.
Devant la cathédrale, une dizaine de voitures, mini-bus ou camionettes, attendent en file indienne. Pare-chocs décorés de fleurs et de rubans, rétroviseurs ornés de petits bouquets, chaque famille endimanchée fait le pied de grue devant son véhicule. Ils viennent faire bénir leur ... voiture.
Le son du clapoti se réverbère sur la coque du bateau qui nous mène à l'Isla del Sol une île du lac Titicaca. Hormis l'odeur de gasoil assez désagréable, le parcours est tranquille et plaisant. A l'Ouest la côte brune péruvienne. A l'Est, la Cordillère Royale blanche éclatante donne au lac Titicaca un petit air de lac Léman.

Pour finir la journée en beauté, nous faisons la connaissance de voyageurs; Rémy, Isa et Hoël (leur site). Parmi les nombreuses rencontres, il y a celles qui vont droit au but. Droit à l'amitié du moment partagé. Ces minutes qui vous laissent immédiatement le regret de devoir se quitter si vite.
L'arrivée du Padre jette l'agitation. Habillé d'une bure brune, ceint d'une corde mais chapeauté d'une casquette Nike, le curé arrive avec un sceau en plastique rempli d'eau bénite. Il asperge avec une baguette terminée d'une grosse fleur en plastique, le moteur des voitures, le toit, la carrosserie, parfois l'intérieur et au passage la famille au grand complet. Même les bébés emmitoufflés reçoivent surpris dans leur sommeil de petites gouttes bénites. Le tout s'accompagne de prières répétées, d'offrandes symbolisées sur un petit tapis, faites de faux billets de dollars, de bouteilles de champagne ou de bière, de statuettes païennes et de bonbons. Pour finir, les femmes ou les hommes aspèrgent de champagne et de bière les vitres, la carrossserie et les pneus des voitures ce qui fait coller facilement les pétales de fleurs qu'ils ont éparpillés partout en guise de final.

Biensûr, on peut être sceptique ou même narquois face à de telles croyances. Je préfère y voir une charmante naïveté, un sympatique air de famille avec toutes nos propres superstitions et surtout une touchante et indispensable sincérité.(voir la vidéo)

A notre débarquement sur le port Nord, à Challapampa, nous dégustons un petit sandwich chaud préparé par des jeunes femmes en tabliers roses qui à l'instar des habitants sont accueillantes mais très peu souriantes. Nous marchons directement en direction du Sud. Personne n'arrive à nous confirmer si nous sommes sur le bon chemin. Tant pis, la corniche sur laquelle nous nous engageons est superbe. Nous marchons à 100m au-dessus de l'eau du lac, verte ou marine selon les ombrages. Ici c'est à la Corse que ressemble le paysage. L'aridité tranche avec le vert de certains arbres qui poussent accrochés aux rochers de granit blanc. Le chemin est plutôt plat et franchement superbe. Nous arrivons à Challa où la plage nous invite au pique-nique et à la sieste. Une jeune fille aymara, habillée d'un short et d'un t-shirt de sport entre dans l'eau en douceur. Elle s'y baigne pendant 30 minutes. L'eau est pourtant vraiment froide. Nous sommes à près de 4000 mètres d'altitude.

L'ìle est partagée en trois communautés qui ont chacune instauré un péage pour l'entretien du chemin. La pratique semble acceptable lorsqu'on est averti. Mais il semble que de nouveaux péages se soient instaurés sans avertissement et cela nous contrarie pas mal.
Au village du Sud, Yumani, c'est la Saint-Antoine-de-Padoue. Quelle aubaine. Encore une fête où chacun s'habille de couleurs, de perles et de jupons. Malgré la quantité de bière astronomique absorbée, la fête garde le rythme et le pas des danseurs ne titube pas trop. Les femmes en ligne d'un côté et les hommes de l'autre. Chaque groupe est tenu par un leader qui initie les gestes repétés par les autres. Moment folklorique et authentique. La présence de quelques touristes est tout simplement ignorée.

Nous passons la soirée en compagnie de voyageurs de tout bord, Eric, un cannois,  Delphine et Cédric, un couple franco-belge, et d'autres venus se réfugier dans le seul restaurant qui semble être resté ouvert. La musique de la fête ne s'estompera que tôt demain matin.
Après un retour vers Copacabana, assis sur le toit du bateau nous flânons encore entre matchs de foot et repos au bord du lac Titicaca que nous devrons quitter demain. Devant ce coucher de soleil, une étape importante de la route bascule déjà du côté des souvenirs.

Après un passage en bac individuel qui nous fait passer définitivement à l'Est du lac, nous roulons au travers de superbes paysages désertiques avant d'arriver à La Paz.
D'abord étourdis par le trafic de fourmilière, nous sommes ensuite hâpés par la vision en hauteur de la ville. Une mégalopole construite entre 3'200m et 4'000m d'altitude dans une faille géologique, un canyon. Chaque maison semble s'accrocher de toutes ses "fondations" aux parois. L'ensemble, avec en arrière plan des montagnes enneigées de plus de 5'000m, ressemble à une aquarelle surréaliste.

Nous arrivons à l'Hôtel Oberland, repère bien connu des voyageurs véhiculés de la Panamerican. Et biensûr nous nous laissons tenter et finalement ravir par une merveilleurse fondue au Tilsit produit dans la région. Délicieuse. Récompense après un an de privation de fromage.
08:00. Nous arrivons les premiers à la douane principale située près de l'aréoport. Ce qui nous oblige à remonter les rues incroyablement pentues de Mallasa – le quartier riche situé en bas de La Paz - à El Alto. En insistant beaucoup et avec l'aide de Théophile à qui nous demandons toujours de se mettre au premier plan et de sourire (les femmes sud américaines craquent totalement pour sa bobine et ses cheveux blonds bouclés) nous resortons après 1 heure 30 avec 90 jours pour le véhicule. Plus qu'il n'en faut.
Nous pouvons maintenant partir visiter un peu la ville. Un peu car vu l'étendue, nous ne pourrons qu'effleurer la cité. L'iglesia San Francisco sur laquelle nous pouvons monter jusque sous le clocher, le musée de la Coca pour Dady et les boys, les rues artisanes où se mêlent souvenirs colorés et remèdes ancestraux (plantes, racines et foetus de lamas), pour finir par les 4 principaux musées de la ville. Ils ne sont pas très grands et 2 heures suffisent à tous les voir d'autant qu'ils sont situés l'un à côté de l'autre.
Des jours de repos il en faut et c'est ce que nous faisons aujourd'hui dans le parking de l'hôtel. On prépare aussi le départ de Dady avec la légère envie de se glisser dans une valise pour aller embrasser tout ceux qui nous manquent.



L'aéroport de La Paz est vraiment petit par rapport à la taille de la ville qu'il dessert. Les larmes de la séparation se sèchent assez vite à l'idée que nous nous retrouvons dans pas si longtemps que ça finalement. Ce fût un moment à part dans ce voyage qui restera gravé dans nos coeurs.
En fin de matinée nous partons avec un couple d'Allemands, Andrea et Dirk, en direction de Tiwanaku. C'est un site archéologique de la civilisation du même nom. Mais depuis quelques années, Tiwanaku est devenu un lieu de rassemblement plus politique pour les Aymaras. La fête du solstice d'hiver et d'été est célébrée par de plus en plus de Boliviens qui se réunissent ici la veille pour saluer l'arrivée du soleil le 21 juin ou le 21 décembre au matin. Des petits stands, de la musique - beaucoup de musique - des feux. Emmitoufflés dans des couvertures ils attendent toute la nuit autour de feux de camps.

La police et la milice est représentée en telle quantité que cela semble disproportionné par rapport à la foule et la fête! En fait, nous apprenons que demain, le Président bolivien, Evo Morales, sera de la partie ! Nous sommes super contents et nous sentons privilégiés d'être ici.
Nous rentrons courageusement dans le camping car discuter avec Andrea et Dirk tandis que des centaines de boliviens arrivent dans la nuit glaciale.
Tout emmitoufflés à notre tour, nous sortons du pamking car à 5h du matin. Nous sommes ébahis par la taille de la foule. Plus encore par la file qui remonte sur plusieurs centaines de mètres pour entrer dans le site. Le jour commence gentiment à pointer son nez et lorsque nous franchissons enfin la grille nous courons trouver une place devant une des murailles. Les discours que nous ne comprenons pas, d'autant plus qu'ils sont en Aymara, semblent prenants. Allumage de feu sur l'esplanade de pierre. Des offrandes de sang et de coca sont déversées sur le feu. Des notables, dont Evo Morales lui-même, habillés de costumes traditionnels célèbrent la Pachamama – la Terre Mère - en tournant autour du feu. S'en suit un défilé de toutes les personnes qui désirent faire des offrandes. Cela durera jusqu'en milieu de matinée. Les gens offrent des paquets de tissus blancs dans lesquels se trouvent des symboles : des tissus, des poils de lamas, des faux billets, des bonbons... Le feu dégage une odeur de plastique et des fumées noires. Au lever du soleil, qui joue ce matin à cache-cache avec les nuages, les gens lèvent les mains vers le ciel, paumes tournées vers l'astre-dieu. Spectacle prenant pour les novices que nous sommes.

Le départ du Président, en hélicoptère – et entouré de caméras - "éclipse" un peu l'invité solaire de la fête. Paradoxal et drôle à qui sait voir l'ironie des symboles. Nous ne connaissons pas suffisamment la situation politique du pays pour porter un jugement. Néanmoins, on sent bien que quelque chose d'important se passe pour les Amérindiens au travers de ces symboles. Hormis quelques personnes si saoules qu'elles entâchent la fête, peut-être se prépare ici un lendemain meilleur.
Après un petit déjeuner bien au chaud dans notre maison roulante nous repartons vers La Paz.
L'hôtel Oberland offre un bon confort. Nous dormons toujours dans le pamking car, mais un jardin avec des jeux pour les enfants, une piscine, une douche chaude à volonté (divin) et restaurant aux spécialités suisses ainsi que la rencontre avec d'autres voyageurs font que de fil en aiguille nous allons rester 4 jours ici. Un petit virus nous clouant 48 heures au lit y est aussi pour quelque chose. L'occasion aussi d'observer les feux de la Saint-Jean. Ici, comme dans tout le reste de la Bolivie, les habitants mettent carrément le feu à toute la montagne. On ne fait pas les choses à moitié.

L'occasion aussi de revoir notre ami Vincent que nous avions quitté à Cartagena en Colombie (!) et avec qui nous échangeons nouvelles, plans de futurs et bons films. Toujours un plaisir.
En route pour Potosi, nous changeons d'avis et bifurquons vers l'Ouest pour voir le Parc National de Sajama. Le paysage de terre rouge est sublime. Nous arrivons au parc et passons la soirée devant le volcan Sajama. A 6'500m, le plus haut sommet de Bolivie nous offre sa majesté. La pleine lune sort, magnifique, devant nos yeux et baigne le volcan et la plaine entière d'un éclairage argenté. Tant mieux car avec l'altitude - 4'300 mètres - nous ne fermerons pas l'oeil de la nuit. Le souffle trop court et une excitation dûe à l'altitude nous empêche de dormir. L'esprit a de la peine à se concentrer aussi et parfois des vertiges se font sentir.
Nous voulions faire trempette aux thermes face à la montagne, mais les enfants s'amusent si bien dehors qu'ils préfèrent continuer leurs jeux. Nous passons la matinée à planifier la suite du voyage et à admirer l'environnement. L'Altiplano s'offre, piqué de touffes d'herbe côniques et drues, de lamas et d'alpagas qui broutent et déambulent de leur délicate et fière démarche, des volcans Payachatas à l'arrière plan. Nous voudrions rester, mais la peur d'une nuit similaire nous fait prendre la décision de continuer la route. Oruro n'offrant pas vraiment de place calme et sécuritaire pour nuit, nous dormons à quelques kilomètres de là sur la place du prochain village.
La route jusqu'à Potosi est sublime. Nous entrons lentement dans ce que les voyageurs appellent la splendeur de la Bolivie. Autant le Pérou, l'Equateur et la Colombie nous ont étonnés par leurs paysages, car différents de ce à quoi nous nous attendions, autant ce que nous voyons ici est exactement ce que nous espérions, c'est-à-dire, magnifique.

En fin d'après-midi, nous visitons Potosi à pas lents. 4'000 mètres et une ville de 150'000 habitants. L'oxygène est rare. Nous sommes essoufflés et surtout avons beaucoup de peine à nous concentrer. Le manque de sommeil des derniers mois y est certainement pour quelque chose aussi.
Nous avions réservé une visite guidée des mines de Potosi, mais il semble que l'agence n'était pas du tout organisée. Après une heure de retard et pas de guide, nous décidons de nous faire remboursser les billets et de remettre la visite à demain, mais avec une autre agence. Nous en profitons donc pour visiter à notre aise la ville et les cafés qui retransmettent les matchs du Mundial. Nous adorons ces moments de ferveur. Rien à voir avec un match vu à la maison.

La visite de la Cathédrale devant la Plazza 10 de Noviembre nous ravit. Elle est en rénovation et nous trouvons bien plus interessant de voir le côté pile du bâtiment. Les travaux de rénovations donnent à l'église un côté humain, plus proche de nous. En plus nous tombons sur un guide super sympa.

Chic. Cette fois-ci nous tombons sur un bon guide. La visite de la Mine de Potosi sera intéressante. Nous commençons par la traditionnelle visite au marché des mineurs. C'est ici qu'ils se fournissent en pioche, dynamite, lampe frontale, bottes et surtout en alcool et en feuilles de coca. La         
tradition veut aussi que les visiteurs apportent des petits cadeaux aux mineurs. Nous avons préparé quelques habits pour enfants, des cahiers et des jouets. Notre guide nous explique qu'il est de bon ton d'apporter aussi de l'alcool (à 96° s'il-vous-plaît!) ou des feuilles de coca accompagnées d'un catalyseur qui augmente les effets de la plante. Celui-ci est en général préparé à partir d'une purée séchée de pomme de terre ou de yucca. On achète aussi des bâtons de dynamite. C'est bien la première fois de notre vie. On le jure. Ici, aucun permis n'est requis ! Et puis les indispensables détonateurs. Le guide garde par sécurité les détonateurs sur lui. Et cela rassure beaucoup Natacha. D'autant qu'Alexandre est très        



En fin d'après-midi nous visitons la Casa de la Moneda. Un musée à la gloire de l'argent et de son estampillage. Un point final et ironique à cette journée qui marquera nos souvenirs.

Après tant de semaines en altitude, nous sommes tout simplement lessivés. L'altitude crée des problèmes divers selon les personnes. Pour Gilles, se sont de terribles migraines. Pratiquement quotidiennes. Pour Natacha des insomnies pour ainsi dire totales. Pour toute la famille, des essoufflements de jour et de nuit et parfois des nausées. En plus de la température qui est très fraîche. Nous avons tous une envie, un besoin important de nous reposer. Aussi nous décidons de "descendre" à Sucre pour plusieurs jours.
interessé par la chose... Nous partons ensuite nous habiller. Sur-pantalon, veste, casque, bottes en plastique et lampe frontale que l'on attache autour de la taille avec une bande de caoutchouc découpée dans une chambre à air. Finalement, nous arrivons à l'entrée de l'une des multiples galeries du Cerro Rico. La "montagne riche" porte bien son nom. La mine de Potosi fût si riche en argent à l'époque de la Conquista qu'elle fût à l'origine, selon certains économistes, du capitalisme Européen. L'argent du royaume d'Espagne venait essentiellement d'ici et en telle quantité qu'il inondait toute l'économie européenne. L'expression "ce n'est pas le Pérou" trouve son origine au Cerro Rico. A l'époque, la mine appartenait en effet au royaume du Pérou.

Quelques baraquements, des wagonnets abandonnés de ça et de là et quelques hommes qui se préparent en mâchant de grandes quantités de feuilles de coca. Cette boule qu'il auront bientôt dans la bouche leur coupera la faim, le sommeil et leur donnera plus de force. Mais vu leur état psychique et physique, on se demande si ce n'est pas le poids de la coutume qui est plus important que les réels effets.
Certains disparaissent déjà dans le trou noir et minuscule de la mine. Nous nous débattons encore avec notre loupiote frontale, la batterie à la ceinture et nos imperméables. Pas très pratique tout ça. A notre tour nous entrons dans la mine. Nous marchons la tête baissée pour ne pas se heurter au plafond. Il n'y a pas de lumières. De temps un temps, une lueur sortie de nulle part apparait. Un mineur nous croise d'un pas rapide, en nous saluant – ici on se dit bonne nuit – et disparait comme il est venu.
Nous percevons des bruits sourds à gauche, plus haut, à droite... Des gravas tombent d'on ne sait où et quelqu'un surgit du noir en poussant une brouette. Il passe comme un équilibriste sur deux planches étroites au dessus du vide et disparait à son tour. Nous sommes dans une immense fourmilière – il y a 7000 mineurs qui travaillent encore ici – mais nous ne connaissons aucune des 2000 galeries et ne voyons presque personne. Pas de panneau, aucune indication. Seulement la boue, quelques étais suspects et toujours cette obscurité. Sans guide nous serions perdus.
Lorsque nous "tombons" sur une équipe – en général deux ou trois mineurs - nous distribuons quelques petits cadeaux. Quelques sourires s'affichent. Mais timides.

Ici on est mineur de père en fils. Selon le guide, ou l'on étudie à l'école ou l'on devient mineur avec la maigre consolation de gagner un peu plus que le salaire moyen. Pour cela il faudra déblayer 20 tonnes de gravas par semaine, pour une équipe de 3 personnes. Les semaines fastes on peut espérer gagner un peu plus de 100 USD, peut-être même 150. Aujourd'hui, même si l'espérance de vie des mineurs s'est bien allongée – certains arrivent à l'âge de la retraite – ils ne finissent pas leur vie dans les meilleurs conditions, succombant à des maladies pulmonaires ou autres infections.

Nos enfants sont contents de courir dans les galeries et ne comprennent pas vraiment à quel point ce que nous voyons est dur. Heureusement peut-être. Avant de partir, nous passons devant la statue du dieu El Tio, cachée dans un recoin, le dieu protecteur qui apporte force et courage aux mineurs. Le guide procède à quelques offrandes; des feuilles de coca, quelques gouttes d'alcool et puis deux cigarettes qu'il allume et qu'il laisse se consumer sur le rictus d'El Tio. Quelques tâches brunes tapissent les parois; des tâches de sang de lama que les mineurs ont sacrifiés au Dieu.

Nous ressortons éblouis par la lumière aveuglante du soleil. Comment peut on effectuer un tel travail ? (voir le sentiment du monde).
A 2'500m seulement, la température y est très agréable et nous allons pouvoir – enfin ! -dormir. C'était sans compter sur le fait que, comme partout en Amérique Centrale et du Sud, les gens font... la fiesta. Un chapelet de fanfares à 23h30, de discos jusqu'à 5 heures du matin ou de chiens qui tiennent de véritable conversations nocturnes feront que finalement nous nous reposerons très... relativement.
La ville est superbe. On comprend aisément qu'elle soit classée au patrimoine mondial de l'humanité. Blanche de chaux, éblouissante. Des bâtiments coloniaux aux balcons sculptés et aux plâtres ornementaux lui donnent un cachet très particulier. Nous visitons le musée universitaire, mais c'est le musée de l'art indigène qui nous plaît de loin le plus.

Nous passons aussi du temps dans les cafés, à regarder les matchs du Mundial. Une chouette ambiance qui nous fait réaliser à quel point la ville est pleine de Hollandais et d'Allemands. On ne les voyaient pas avant. Les boys passent une chouette après-midi bricolage dans un atelier tenu par une française, Estelle.
A une heure trente de Sucre, se tient à Tarabuco un marché hebdomadaire qui en fait la réputation. Pour être franc, nous sommes assez déçus de la visite. En comparaison du marché de Chichicastenango au Guatémala, il est très peu achalandé. De plus les mesures d'hygiène sont très précaires. Quant à la conservation des produits frais elle nous laisse perplexe. Peut-être sommes nous vraiment fatigués, mais nous avons du mal à supporter la vision des personnes qui crachent partout, d'autres qui se mouchent avec leurs doigts à côté des étalages et de l'état des pieds des habitants, des personnes agées en particulier. La viande et la graisse posée à même le sol, les fritures dans des bassins d'huile douteuse... Mettons cela sur le dos de notre fatigue, mais nous sommes finalement très heureux de retrouver Sucre. Pourtant les costumes des indigènes étaient incroyables. Superbes. D'un autre monde et d'un autre temps.
Pour se rendre à Uyuni, il faut repasser par Potosi et de là faire 200 kilomètres de piste. Et quand on dit piste en Bolivie, cela prend ici toute une dimension. Les paysages sont magnifiques et sublimés par la vivacité des couleurs, cadeaux de l'altitude. On oscille entre 3500 et 4000 mètres. Au passage, nous emportons un bout du paysage avec nous... et oui, la poussière et le sable s'insinuent partout. Vraiment partout. Arrivés à Uyuni, il nous faut pas moins d'une heure de dépoussièrage pour pouvoir tout juste respirer l'air dans la camping car.
La ville d'Uyuni ! On est surtout content de la quitter. Une ville vraiment moche. Une fois le plein d'eau fait et quelques achats nous partons sur le Salar. Et nous en avons rêvé du Salar d'Uyuni. Un des endroits que nous voulions absolument voir. Une des raisons qui nous ont lancé dans cette aventure. Et nous y voilà.

Le Salar d'Uyuni, c'est la plus grande réserve de sel au monde, une immense étendue blanche de 12500 km2 sur 30 à 40 mètres d'épaisseur. De quoi fournir du sel à toute l'humanité pour des siècles. Mais au delà des chiffres et des superlatifs, le Salar d'uyuni c'est avant tout une expérience unique, magique.
Nous roulons à toute vitesse sur ce désert immaculé, parfaitement plat. Rien à l'horizon, rien à perte de vue. Seule une piste que l'on devine au sel écrasé  
par les véhicules et la boussole qui pointe vers un point GPS droit devant, à 80 kilomètres.
Impossible de conduire sans lunettes, c'est comme s'il avait neigé la veille. Le ciel est d'un bleu pur, sans nuages, et le soleil donne toute sa force.
Au loin, à 40 kilomètres, nous voyons se dessiner l'île Incahuasi qui semble pourtant toute près. C'est une île d'origine coralienne recouverte de cactus. Nous sommes sur un autre monde qui n'est pourtant ni lunaire, ni martien.
L'île Incahuasi est prisé des tours opérators et vers midi, nous voyons, telle de petites fourmis perdues dans l'immensité, quelques 4x4 foncer vers l'île; c'est l'heure de manger.
Nous reprenons la "route". Direction l'île Pia Pia, une île qui semble également juste à côté... Il faudra une demi heure à 100 km/h pour l'atteindre. C'est ici que nous bivouaquerons. Nous sommes totalement seuls. Il n'y a pas un bruit. Pas d'oiseau, pas d'avion, même pas le vent. Seul le soleil, le ciel bleu et ce sel si blanc.
On joue au foot et puis on s'amuse évidemment à prendre quelques photos amusantes que seule la perspective d'un tel endroit permet.
Nous avions lu chez d'autres voyageurs que la piste entre Uyuni et Tupiza offrait les plus beaux paysages de Bolivie. On ne peut pas leur donner tort. La piste est dure. Jamais nous n'avons eu le sentiment que ça ne passerait pas, mais les virages et la tôle ondulée n'en finissent pas. La route principale est dans un tel état que des pistes se sable et de terre partent de droite et de gauche pour en éviter les pires passages. Heureusement que les paysages sont à couper le souffle. C'est peut-être ça la Bolivie. Un pays qui se mérite !
Nous dormons à Tupiza. Fâchés d'avoir dû payer le double du prix de l'essence parce que nous sommes étrangers, mais c'est la loi. Nous sommes à nouveaux couverts de la poussière de la piste. Il faudrait une semaine de nettoyage pour tout enlever. Nous sommes épuisés mais ravis par toutes les couleurs de la terre.
Le passage de frontière se fait dans une extrême lenteur. La douanière qui s'occupe de l'importation du véhicule côté argentin est probablement sous Prozac ou alors l'herbe qu'elle confisque aux passeurs doit être vraiment bonne. Bref, il ne lui faut pas moins de 20 minutes juste pour trouver la personne à qui elle doit remettre un papier. Par la fenêtre, nous l'observons déambuler du trottoir au ponton, du ponton au bureau, du bureau au trottoir et ainsi de suite. Avec son petit papier à la main, qu'elle ne remettra finalement pas, on hésite entre éclater de rire ou se fâcher pour de bon. Bref, nous quittons la douane après 10 minutes de démarches côté Bolivien et 2 heures côté Argentin... et énervés.
Malgré tout, le passage à notre avant dernier pays est un événement. Une fête. D'abord parce que l'Argentine est certainement le pays qui nous intéressait le plus, ensuite parce que nous avons compris tout de suite que la route (droite et goudronnée), trouver de la nourriture (il nous est arrivé de chercher du lait pendant 3 jours en Bolivie), et le voyage d'une manière générale sera plus facile à partir de maintenant. Epuisés... mais heureux !

Et puis aussi, avec le Chili, ce sont les dernières étapes de notre aventure. On commence à comprendre que la fin du voyage approche....mais on a encore le temps de s'y préparer. Ouf !
Le soleil disparaît, teintant l'horizon de roses, de jaunes ou de rouges. On nous avait annoncé des –15°C à –20°C. Nous sommes chanceux; il ne fait que 0°C et la nuit sera douce.
Vers 22:00 nous mettons le nez dehors pour y apercevoir le plus beau ciel étoilé depuis notre départ. L'obscurité totale et l'absence de lune permettent de voir la voie lactée comme jamais. Les myriades d'étoiles renvoient au sel sa blancheur. On se réfugie au chaud et on s'endort pour une des nuits les plus silencieuses que nous ayons connu (voir le sentiment du monde).
Nous passerons 3 jours sur le Salar. Entre les îles, osant une "sortie" du Salar au nord, vers le volcan Tanupa, histoire de voir quelques lamas, un peu d'herbe et de rencontrer Paul et Anne-Laure, un couple de sympathiques voyageurs... avant de retourner dare-dare dans l'envoûtant désert.
Les meilleurs choses ont une fin et nous regagnons la triste ville d'Uyuni pour y faire nettoyer le pamking car à fond, histoire d'éliminer tout le sel rongeur...
Près du marché, nous croisons Chris et sa femme, un couple d'australiens qui sillonnent le monde en buggy, fait maison s'il-vous-plaît. Notre ami Vincent les avait croisé près du Machu Pichu... le monde est petit finalement. Nous achetons un jerricane d'essence supplémentaire de 30 litres – il vaut mieux être prévoyant dans les contrées chiliennes et argentines – et sommes parés pour reprendre la route vers Tupiza, près de la frontière Argentine - le lendemain.
Avant que la nuit ne tombe, nous prenons une piste qui nous mène à quelques kilomètres d'Uyuni à un cimetière de locomotives. L'occasion pour nous de prendre quelques images surréalistes et pour les enfants de jouer aux cheminots ou de se prendre pour des conducteurs de locos  pendant quelques instants.

Carnet de route précédent

023_le_perou_de_Cusco_au_lac_titicaca
RETROSPECTIVE SUR LA BOLIVIE

Nous devrons sans doute à la Bolivie les plus beaux paysages de notre voyage.  Les formations rocheuses, les volcans et les montagnes ainsi que les steppes sont uniques et magnifiées par l’altitude. Les couleurs de toutes choses sont éblouissantes, intenses et cela grâce à la pureté de l’air. Le Salar d’Uyuni à lui  seul vaut tout une expérience de voyage. Mais l’altitude a rendu le voyage difficile aussi. Insomnies terribles, maux de tête et de ventre ne nous ont pas quitté. Même marcher était difficile. La pauvreté de certaines régions n’est pas une chose facile à vivre non plus. La dureté se lit sur beaucoup de visage et se comprend. Nous avons eu souvent de la peine à trouver simplement de la nourriture. Nous quittons la Bolivie, la tête pleine d’images superbes mais épuisés. La Bolivie, un pays qui se mérite.

Carnet de route suivant

025_Nord_Argentine_et_Chili