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Le soir, sur la place centrale de Cafayete, à côté du restaurant où nous commençons à nous habituer à la succulante viande du pays, nous passerons une nuitée tranquille.
La Valle Calchaquies est réputée pour sa beauté. Des roches découpées par le burin du temps et de l'érosion, des couleurs intenses dont on ne se lasse pas. Mais nous décidons de ne pas remonter entièrement les 160 kilomètres de piste qui mène à Cachi au nord. Le camping car n'est toujours pas réparé et il doit tenir jusqu'à Cordoba. D'autant plus que nous avons décidé de changer notre itinéraire. Nous irons d'abord jusqu'aux chutes d'Iguazu, à l'extrême est du pays avant de redescendre jusqu'à Cordoba. Un "petit" détour de... 3000 kilomètres. Il nous faut donc ménager et chouchouter notre fidèle destrier.
Nous prenons encore des images plein les yeux, des images plein l'appareil photo et revenons à Cafayate, entourée de vignes, toujours aussi tranquille.

A Cafayate, bercé par la douceur du printemps qui revient, nous partons visiter l'atelier du potier Victor Cristofani, un artisan connu par les immenses jarres qu'il fabrique et qui se retrouvent dans plusieurs grandes villes du pays. Les explications sont très sommaires et se résument à une photo des enfants dans un vase géant. Mais l'accueil est très chaleureux et nous nous imprégnons de l'ambiance du travail ancestral, des gestes répétés par les mains patientes d'un artisan qui termine une série de quatre jarres. A la spatule, il lisse les interstices de l'assemblage des différents morceaux de terre cuite qui composent chaque jarre. Celles-ci sècheront en partie avant d'être cuites pendant trois jours dans l'un des deux fours de la cour.
A quelques centaines de mètres de là, nous nous rendons dans la Bodega La Banda (Vasija Secreta), une des 27 exploitations de la région, où nous est expliqué le processus de vinification ; tri, pressage, fermentation, embouteillage. La région de Cafayete est connue pour sa production de Malbec, un vin rouge d'origine française, introduit par les jésuites, et qui trouve ici ses lettres de noblesse. Il y a aussi le Torrontes, un raisin indigène. Il produit un vin blanc très doux - en apparence  - avec un goût de fruits rouges. Sa douceur trompeuse peut vite mener à l'abus.
Les néophytes que nous sommes découvrent des goûts nouveaux et les délices de Baccus. On en ressort avec quelques provisions... à déguster avec modération.
Après Cafayate, comme prévu, nous bifurquons droit vers l'Est pour atteindre les chutes d'Iguazu. Et là on se rend bien compte que l'Argentine c'est tout un tas de choses, mais c'est surtout GRAND. Trois jours de route. Heureusement qu'elle est sublime. On passe du désert du Noroeste, aux cols vertigineux Andins, dormons au bord d'un lac de barrage, traversons plus de mille kilomètres de champs à vache ou de culture, pour se retrouver dans la jungle tropicale de la province de Misiones. Du pull au t-shirt. Du lama au toucan.

La visite des Missions de Santa Ana, Loreto et San Ignacio se révèlent très plaisante. Nous commençons par Santa Ana où nous prenons un guide qui parle un peu anglais. Avec notre pauvre espagnol, nous arrivons finalement assez bien à comprendre les explications. L'histoire est simple. C'est celle de la convoitise à l'échelle du continent. Les Espagnols cherchant à redorer leur blason face aux critiques sur l'oppulence de l'Eglise et  sur leur violence coloniale, vont inciter les communautés Jésuites à venir s'installer. Il y en aura en Bolivie, au Parguay, au Pérou, en Argentine et au Brésil. De plus, en ce qui concerne la région, il s'agit aussi d'ériger une barrière entre les Espagnols et les Portuguais qui ne cessent de tenter de grapiller du terrain sur la limite fixée par le Pape, coupant le monde en deux part le traité de Tordesillas signé en 1494. En occupant les territoires proches de la limite et en y installant des communautés Jésuites, les Espagnols évitent de laisser le terrain libre à la convoitise de leur voisins Portuguais installés dans ce qui deviendra le Brésil.

Les Jésuites ont eux une approche beaucoup plus chrétienne de l'Evangelisation. Ils créent de véritables micro-systèmes économiques et communautaires où autant eux que les indigènes trouvent leur compte. Ils n'imposent pas la foi, mais la proposent en échange d'avantage très attrayants. L'éducation pour les enfants, dans la musique en particulier, les soins, le développement de l'artisanat entre autres. Rien à voir avec les Conquistador qui proposent la conversion accompagnée de l'esclavage à vie ou la mort. De plus les Jésuites s'attèlent à étudier la langue Guarani et n'imposent pas l'Espagnol. Ils traduisent même la Bible en Guarani. Ils respectent aussi l'ordre des clans et les chefs de tribu qu'ils maintiennent en place. Les Missions – "Reduction" en espagnol – deviennent rapidement prospères puisque chacun tire profit des connaissances et des qualités des autres. Et les indigènes - on le comprend facilement - préfèrent venir s'y installer plutôt que de subir la Conquête. Il reste bien des points de friction comme la monogamie imposée par les Jésuites ou le Chamanisme qui oblige les sorciers à fuir dans la forêt. La réussite est un vrai modèle qui apporte richesse, bien-être et developpment de cultures    
et d'artisanats propres. Trop au goût des autres Européens installés dans la région. La main d'oeuvre gratuite qui leur échappe, la convoitise de cette réussite et aussi la peur de l'idée subversive enseignée aux indigènes, à savoir qu'ils ne sont pas des animaux, qu'ils peuvent apprendre et même se gouverner eux mêmes laisse imaginer le pire : la démocratie universelle. Aussi, à force de plaintes auxquelles s'ajoute l'échange des missions entre le Royaume... et le Brésil pour respecter le Traité Tordesillas..., la fin des Missions Jésuites est programmée. Le roi renvoient les prêtres en Espagne et démentèle les Missions.

C'est triste de constater qu'encore une fois le pouvoir l'emporte sur l'humanité. En traversant les missions on sent bien quels espoirs elles portèrent. Une force invisible et brisée transpire des pierres restées sur place. A moins que ce ne soit la contagion du guide qui nous le sentons bien est passionné par cette histoire.
Une journée de farniente et de repos nous attend au camping, accompagnée de quelques révisions, d'un délicieux barbecue - évidemment - et de la captivante observation des fourmis par les enfants...
Nous faisons connaissance d'un couple de français qui entame un voyage en Amérique du Sud et de Nicolas – que nous avions déjà croisé à La Paz - qui termine le sien tout en imaginant d'autres à venir. Tous deux en camping car. Sympa.

Gilles part faire une petite expédition "consommation" au Paraguay, à quelques encablures. Puerto Iguazu, touche en effet trois pays : l'Argentine, le Brésil et le Paraguay. La ville de Ciudad del Este en a profité pour créer une zone franche où semble-t-il le prix des équipements électroniques est très attrayant. D'autant plus que notre iPod commence à montrer de sérieux signes de fatigue. Il en reviendra les poches vides. Les vendeurs sont hyper désagréables, vous répondent comme des chiens et font des prix changeant de minute en minute, à la hausse, à la baisse selon l'humeur. Rien qui ne donne envie d'acheter ni n'inspire la confiance. Tant pis, nous continuerons avec notre iPod tel qu'il est. Et tant mieux, nous ne replongerons pas trop vite dans la société de consommation. Côté Paraguay, c'est la jungle aussi, mais pas le même sens du terme.

Heureusement, Natacha et les boys l'accueillent avec un super barbecue (encore un !) de la Muerte (faut dire qu'on commence à avoir sacrément la main...). Nous sommes en train de devenir de vrai Argentins.
La route va nous mener maintenant dans la direction opposée. Retour à l'Ouest. Nous passons de la terre rouge de la province de Misiones, au bitume de l'autoroute de la province de Corrientes pour finalement dormir à Mercedes. Demain ce sera la piste.
A priori, la Laguna n'a rien d'exceptionnelle. Et pourtant, nous allons y passer un moment sublime. La vie est ici partout présente. Les yacares, sorte de caïmans, les capybaras, les plus grands rongeurs au monde qui ressemblent à des cochons poilus à tête de castor, les oiseaux dont nous ne pourrions pas citer les noms, des anacondas jaunes ou boas qui se reposent sur des îlôts, tous vivent ici en parfaite et sereine harmonie. La végétation forme des tapis flottants où viennent se nourrir ou se reposer en même temps tous ces animaux. En se concentrant un peu, car tous sont naturellement camouflés, on peut distinguer au moins 4 espèces d'animaux - reptible, oiseau ou mammifère - en même temps. La densité de la vie ressemble ici à celle d'un paradis. Bien qu'il ne faudrait pas tomber dans l'eau grouillante de...piranhas... Une toute simple et merveilleuse journée.

Ce matin nous repartons avec Souasic en direction du Sud. Non sans crever une deuxième fois au même endroit. Les pneus sont vraiment fatigués. Nous n'avons plus de pneus de rechange. Alors on prie pour que la malchance ne s'acharne pas sur les 80 kilomètres de piste qu'il nous reste à parcourir avant de retrouver le bitume.
Nous déposons notre voyageuse de Thonon à Curuzu Cuatia après avoir goûté au maté qu'elle nous a préparé et qu'elle nous a fait découvrir. C'est la boisson nationale des Argentins. Le maté, une boisson amère faite à base de feuilles, est justement produite dans la région de Misiones que nous venons de quitter. Souasic nous explique que la coutume veut qu'on remplisse la calebasse – c'est le contenant utilisé – d'herbes à maté et qu'on y verse l'eau chaude. La boisson se boit à travers une sorte de paille qui filtre les feuilles. On laisse les herbes dans la tasse et on y ajoute de l'eau chaude pour la prochaine personne. En effet, un seul maté est préparé pour tout le monde et le verre passe de main en main. Celui qui finit son maté appelle la personne qui l'a préparé afin qu'elle y reverse de l'eau pour le suivant. Lorsque le maté a rendu tout son goût, on jette les herbes et on en remet de nouvelles. Le même maté peut servir pour une vingtaine de tasses. Tout le monde en boit en Argentine, à toute heure. Du coup nombreuses sont les personnes qui se promènent – au bureau, pendant les courses ou au pique nique - avec une calebasse et un termos d'eau chaude. Un fait culturel important dans cette partie du monde. Dans notre camping car, nous goûterons tous à ce breuvage... en faisant la grimace. Pour être amer... c'est amer.
A notre arrivée au village Carlos Pellegrini, nous organisons une visite en barque de la Laguna Naturelle Ibera, une lagune de 53 km2 qui se trouve dans la réserve naturelle Esteros del Ibera... 13 000 km2 (!). Nous n'avions aucune connaissance du lieu que nous vante le guide Géo. Au passage nous faisons connaissance de Souasic, une thononaise, qui voyage pendant 2 mois entre l'Argentine et le Brésil. C'est avec elle aussi que nous embarquons à bord du bateau. Seul manque le guide parlant français que nous a promis – promis juré – le vendeur des billets. D'ailleurs, les guides ne parlent pas anglais non plus. Pas si grave que ça finalement. L'ambiance sur la barque est tranquille et détendue.
La route continue d'être superbe jusqu'à Salta. La minéralité est de toute part multicolore. Nous arrivons au camping municipal de Salta à la tombée du jour. Nous y faisons la connaissance de Nadia, Sébastien et leur petit Clément qui ont commencé voilà un peu plus d'mois leur périple d'un an sur les routes d'Amérique du Sud.
Les journées à Salta s'annoncent ennuyantes. Il faut faire réparer le camping car et cela veut dire des heures d'attente au garage et surtout des incertitudes. Il y a plus sympa.

Après 3 heures d'attente, le diagnostic est posé : il faut changer un silent bloc de direction et une pièce de plastique qui sert à récupérer l'huile. Notre mécano serviable de Calama avait raison : rien à voir avec les amortisseurs. Mais rien à voir non plus avec la crémaillère de direction, et là il avait tort...  Bref, rien de grave finalement. Nous sommes heureux que la réputation des garagistes de Calama soit encore une fois si parfaitement confirmée. Nous prenons donc rendez-vous pour le lendemain. Il nous reste à faire le plein de gaz et un saut à l'hôpital pour un petit problème de santé d'Alexandre. Le pays à beau avoir du mal à sortir de la crise, les soins y sont entièrement gratuits et efficaces.
Comme nous avons oublié de changer l'heure entre le Chili et l'Argentine, nous nous présentons au garage avec une heure de retard... Notre rendez-vous de 9 heure est donc décalé à 16 heures. Nous en profitons pour aller visiter la ville.

Salta est sympathique et nous visitons surtout le centre où nous nous empressons de déguster notre première viande argentine, si réputée. Ce sera un délice.
De retour chez Fiat, nous patienterons finalement jusqu'à 20h30, profitant de ces longues heures d'attente pour continuer nos révisions scolaires. C'est peu dire que les enfants n'aiment pas les garages !

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