La mythique Ruta 40, elle parcourt le pays du nord au sud sur près de 5000 kilomètres. Elle est à l'Argentine ce que la Highway 66 est aux Etats-Unis. Ca y est nous y sommes et allons y rouler pendant 4 jours. Entre les parties asphaltées et la piste de plutôt bonne qualité, les paysages défilent. Sans la beauté des paysages, le voyage resterait un peu ennuyant. De plus, la piste empêche d'étudier en roulant ou d'avancer sur le carnet de bord...
Nous arrivons à Gobernado Costa assez fatigués, mais surtout sans le système d'évacuation des toilettes. Les petits pierres de la piste l'ont tout simplement éclaté en morceaux. Et oui, comme les pistes sont bonnes, on peut rouler relativement vite et les cailloux sont propulsés plus rapidement vers l'arrière. Par contre, nous avons beaucoup moins de poussière à l'intérieur de la cabine. On ne peut pas tout avoir.
Arrivés au petit village, Gilles part jouer avec Alex et Théo au foot et les enfants du quartier. Dont les
très vigoureux Joachim et Geronimo. Bien que plus jeunes et plus petits qu'Alex et Théo, ils courent si vite que les boys rentrent épuisés... et toute leur énergie dépensée. Youpi.
sommes captivés par les explications du guide. Nous sommes fascinés de penser que ces mains ont vécu, chassé, cuisiné, carressé....il y a 9000 ans. Quelle marque laisserons-nous à la terre ? Y aura-t-il quelqu'un pour les trouver fascinantes ? Des condors jouent dans les courants d'air chauds. Eux ne se posent pas ce genre de question.
Nous dormons à Bajo Carocoles en plein vent patagonien.
Il pleut toujours ce matin. Mais ce qui est plus ennuyant c'est qu'il pleut dans le camping car. Pas grand chose, quelques gouttes le long de la fenêtre. Mais juste assez pour nous imposer de trouver la fuite et réparer avant même de déjeuner pour éviter de plus gros dégâts. Nous qui voulions dormir un peu en profitant du bruit de la pluie qui tapotte la capucine...
Nous passons la journée à attendre que la pluie cesse. Peine perdue; elle ne cessera pas une seconde. On en profite donc pour avancer sur l'école et pour visiter le centre d'accueil du parc qui est très bien fait. Nous partons aussi voir le Chorrillo del Salto, une cascade, à 15 minutes de camping car et 15 minutes de marche.
Il pleut toujours. On commence à se demander si nous allons voir les montagnes. Certains voyageurs ont parfois attendu 5 jours avant de repartir bredouilles. A la première acalmie, nous sortons faire une petite marche à Los Condores et La Aiguillas. Les montagnes ne sont toujours pas visibles, mais il faut qu'on s'aère. Cette petite mise en jambe nous donne envie de re-commener à marcher.
Gilles répare l'évacuation des toilettes – éclatée par la piste - pendant que les boys, qui ont chipé notre petit appareil photo, font tout un tas de petites vidéos comiques où ils parodient films et publicités... et c'est drôle. Natacha, range, nettoie, prépare les cours... et c'est moins drôle. Mais bon elle aime ça.
Après les réparations nous faisons un petit saut au Musée de El Chalten, très didactique, qui évoque les ascensions des pics Torre et Fitz Roy et sensibilise à la préservation de la faune et de la flore.
En fin de journée, les pics rocheux commencent à se découvrir. Ils restent emmitouflés par les nuages qui les caressent et y restent accrochés. Serons-nous chanceux demain ? En tout cas, le spectacle de ce soir est déjà enchanteur.
Dès le petit matin, le soleil brille et le ciel est parfaitement bleu. Nous pouvons voir toute la chaîne : le Cerro Torre (3102 mètres), le Cerro Poincenot et le fameux Fitz Roy (3375 mètres).
Les falaises sont vertigineuses et on comprend aisément que ces montagnes soient des légendes, non pas à cause de leur altitude mais à cause de leur inaccessiblité, des parois verticales de plusieurs centaines de mètres auxquelles s'ajoute des conditions météo parfois éprouvantes. Les premiers à avoir vaincu le Fitz Roy sont des français, menés par Terray, en 1952. Le Cerro Torre lui est encore plus inaccessible. Une aiguille parfaitement verticale. Cette montagne sera probablement vaincue en 1957 par l'italien Maestri. "Probablement" car le seul équipier à atteindre le sommet, Egger, mourra en redescendant, emportant avec lui les photos de l'exploit. Devant le scepticisme général, il re-tentera l'ascension en 1959. Ce sera un échec. Nouvel essai en 1970 qui l'amènera seulement sous le chapeau glacé du sommet... Nous devons reprendre la route, mais le paysage est tellement beau que nous y restons accrochés quelques heures de plus.
Nous reprenons finalement la route, direction El Calafate et le glacier de Perito Moreno. En nous
Nous voilà maintenant sur une des passerelles tout près du glacier, légèrement en surplomb avec l'éclairage du soleil de l'Est. Le glacier craque de toutes parts. Pas comme une branche que l'on brise, mais plutôt comme des coups de tonnerre sourds et puissants annonciateurs de catastrophe. En fait de catastrophe ce sont d'énormes blocs de glace qui se détachent du front glacier pour chuter de 70 mètres dans les eaux du lac Argentino. Chaque bloc crée des vagues qui, en ondulant, agitent les glaces flottantes qui se frottent alors les unes aux autres. Ca crisse, ça pétille bruyamment. Jamais nous n'aurions imaginé que l'eau puisse faire autant de bruit. Au delà du regard, le glacier s'étale comme un gigantesque gâteau meringué. Les montagnes sont à plus de 14 kilomètres mais semblent à porté de main. Le glacier de 35 kilomètres de long, d'un front de 5 kilomètres de large et de 70 mètres de hauteur, avance inlassablement. Il y quelques années, il avançait de près de 2 mètres par jour. Aujourd'hui il est
bien plus lent, mais reste malgré tout un des derniers glacier sur terre à encore avancer. Captivés, aspirés par la vue, nous ne pouvons plus bouger. Après une heure, nos estomacs nous rappellent à la réalité et nous engloutissons avec délice notre petit déjeuner; un morceau de pain avec une barre de chocolat et une pomme. Mais le petit déjeuner n'a que peu d'importance face à cette vue.
Toujours personne sur les passerelles. Il faudrait que nous bougions pour voir le glacier sous toutes les craquelures, mais nous restons accoudés à la balustrade à guetter le prochain bloc qui chutera dans l'eau. Et il y en a beaucoup. Certains sont si grands qu'ils forment des icebergs qui flotteront des mois dans les eaux du lac. En fin de matinée, Mike nous rejoint et nous discutons un long moment sur place. Interrompant la discussion à chaque rayon de soleil qui commence à jouer à cache-cache avec les nuages. Curieusement, le glacier est encore plus beau lorsque le ciel est gris. Il devient alors plus bleu encore.
Finalement, nous rentrons au camping car pour manger des pâtes avec Mike. En fin d'après-midi, nous repartons sur les passerelles et les
parcourons cette fois-ci de long en large. Certaines sont plus basses que le glacier, donnant une mesure de la hauteur et surtout amplifiant les craquements-coup-de-tonnerre que la glace fait en avançant et en se rompant. D'autres, plus en hauteur, donnent le vertige face à l'immensité du glacier. Nous imaginons les glaciers de l'Antarctique...
Nous avons rendez-vous avec Mike à El Calafate, mais arriverons avec une heure de retard, tant nous n'arrivons pas à quitter ce lieu fascinant. Une journée merveilleuse. Une journée à marquer d'une pierre de glace bleue.
Cette fois-ci nous allons quitter la Patagonie de la Cordillère et des montagnes pour la Patagonie de la pampa. Le vent est de plus en plus fort. Il fait toujours aussi froid, mais la paysage est totalement différent.
Nous arrivons à Rio Gallegos où nous cherchons un médecin pour Alex et un dentiste pour Natacha. Il faut savoir qu'en Argentine, les soins médicaux dans les établissements publics sont gratuits. Nous sommes pris rapidement et plutôt satisfaits du niveau des soins. Comme il fait déjà nuit, nous nous rabattons sur une station service. Ce n'est pas très chouette, mais il y a des connections wifi et c'est sécuritaire. Suffisant pour satisfaire les baroudeurs que nous sommes devenus.
Au petit matin nous faisons l'agréable connaissance d'un couple de Belges (Juliet et Jeff (leur site), qui voyage autour du monde depuis deux ans déjà. Nous sympathisons rapidement, mangeons ensemble et échangeons des informations. Elle est vétérinaire, lui est ingénieur. Leur conversation est très intéressante car ils voyagent avec comme fil conducteur le travail avec des organismes (souvent de petite taille) visant à la sauvegarde de la faune menacée. Ils nous transmettent leur passion et leur amour des animaux, et nous expliquent à quel point l'animal peut être un support efficace pour l'éducation des populations; le respect, l'hygiène, l'écologie, l'environnement... Nous apprenons des tas de choses. Finalement, à force de discuter, il est trop tard pour repartir. Après une fin d'après-midi consacrée aux devoirs nous dormons les uns à côté des autres sur la station service.
Eux, comme nous, hésitent beaucoup à aller jusqu'à Ushuaïa. C'est plus de 500 kilomètres supplémentaires, dont 120 de piste - aller simple - et deux passages de douanes. En effet, pour aller au bout du monde, il faut traverser un tout petit bout du Chili avant de ré-entrer en Argentine.
Mais nous sommes si proches et tentés de voir le détroit de Magellan. Alors on se laisse tenter par l'aventure. Jeff et Juliet aussi. Nous allons passer 3 jours supplémentaires en leur compagnie.
Le passage aux douanes se révèle très long du côté argentin. Une file interminable – pour sortir d'Argentine - nous fait attendre des heures. Heureusement que nous avons de la compagnie. L'inspection sanitaire confisque nos deux pots de miel et une salade. Gasp. Sur le bac qui traverse le détroit de Magellan, nous imaginons l'expédition menée par l'explorateur il y a plus de 4 siècles. Eux aussi ont dû affronter les vents cinglants qui nous fouettent le visage aujourd'hui.
Nous reprenons la route vers Ushuaia, seuls – Juliet et Jeff nous rejoindront plus tard. En fin de matinée nous arrivons à la ville de la "Fin del Mundo". La ville est cachée derrière une barrière de montagnes enneigées où skient les derniers sportifs de la saison. Le printemps est là, bien qu'il fasse très froid.
Après avoir repéré le camping qui surplombe la ville, nous partons nous renseigner pour faire une croisière sur le Canal de Beagle.
Nous réalisons vite que le mieux serait de la faire de suite car la météo annoncée pour demain n'est pas clémente. Après un bref échange par Skype avec les petits neveux et nièces et leur avoir montré avec la webcam la baie d'Ushuaïa, nous avalons rapidement un sandwich et embarquons sur un petit bateau. L'équipage est super sympa et les voyageurs pour le moins multinationaux: un couple franco-québécois, deux habitants de l'Inde, un couple italo-argentin et un malien. Tout est possible.
Le canal de Beagle relie le Pacifique à l'Atlantique. Il tient son nom du bateau mené par Fitz Roy, explorateur Argentin, sur lequel Darwin fit son fameux voyage qui lui inspira sa théorie de l'évolution des espèces.
Nous passons le phare des Eclaireurs, celui mentionné par Jules Verne qui l'appela à tort le phare du bout du monde. Ce dernier est en fait encore un peu plus loin... Nous passons également l'Isla Pajaros, l'Isla de Lobos et finissons par une petite promenade sur l'Isla Bridges. Là nous apprenons que les indigènes qui vivaient ici avant l'arrivée des premiers colons étaient
entièrement nus. Ce n'est pas vraiment la nudité qui nous surprend, mais c'est plutôt le fait qu'ils aient pû survivrent sans habits où peaux de bêtes dans un climat sub-polaire. En fait ils s'enduisaient le corps de graisse de lions de mer (jusqu'à 3 centimètres !). Ils plongeaient même dans l'eau glacée – 6°C – pour pêcher ou chercher des moules. Nous restons quand même très perplexes. Même en nous enduisant le corps de graisse de lions de mer – il faut être motivé – on ne se voit pas plonger dans l'eau glaciale...
Les vues sont sublimes. Le cache-cache entre le soleil, les gros nuages noirs et les pluies de neige fine donnent aux montagnes et à la mer un aspect menaçant et surréaliste. Peut-être sommes-nous au coeur du roman de Jules Verne.
De retour, nous gagnons le camping où nous retrouvons nos amis belges. Nous avons également retrouvé dans les rues d'Ushuaia Mick et Ulla (leur site), le couple australo-polonais que nous avions rencontré près de... Cuzco au Pérou (!). Nous passons une très sympathique et longue soirée tous ensemble, riant de nos mésaventure, pétillant de ce que nous avons vu et imaginant les paysages à venir.
La plus grosse partie de la journée est consacrée à l'école puis nous partons en milieu d'après-midi, toujours avec Juliet et Jeff, faire un petit tour pour approcher le glacier Martial qui surplombe Ushuaïa. Mais nous arrivons trop tôt dans la saison (le glacier est encore recouvert de neige) et trop tard dans la journée (le télésiège ferme dans 30 minutes). Qu'à cela ne tienne, on grimpe rapidement sur le télésiège. De là-haut nous avons une superbe vue sur la baie d'un bleu profond. Le temps de quelques photos et nous devons déjà redescendre. Nous sommes les derniers et malgré la promesse de l'opérateur d'attendre notre arrivée avant de tout arrêter, nous nous voyons déjà oubliés et suspendus au câble pendant toute la nuite en chantant : "Etoile des neiges, mon coeur amoureux..."
Nous visitons à présent le musée maritime d'Ushuaia. Musée somme toute très intéressant et fourni sur la vie carcérale des forçats et sur la marine. Nous y découvrons les maquettes des bateaux qui ont écrit l'Histoire du grand Sud, depuis la découverte de la région jusqu'à l'exploration de l'Antarctique, sans oublier les nombreux naufrages... Pas mal du tout.
Aujourd'hui est un grand jour. En effet, les Amériques dans leur ensemble fêtent la découverte par Christophe Colomb du Nouveau Monde un certain 12 octobre 1492. En Amérique du Sud, on préfère parler de la Journée des Races par respect aux conséquences terribles que cette découverte à provoquée pour les Nations Premières.
Enfin, sans aller si loin, dans la famille Matton, on fête surtout l'anniversaire de Natacha ! Et ça, c'est pas rien. Dès le matin, tous les petits et adorables cadeaux et poèmes des enfants sont sur la table.
Nous faisons ensuite un petit saut près du port d’ushuaia pour se prendre en photo devant l’incontournable panneau « Fin del Mundo ». Certes il y a Puerto Williams de l’autre côté du canal Beagle, plus austral encore. Mais c’est un port militaire, pas une ville, et ça, ça fait enrager les chiliens...
Et comme il ne faut pas perdre les bonnes habitudes, nous passons encore la soirée avec nos amis belges.
La région est magnifique, mais nous sommes un peu tôt dans la saison pour en profiter. Comme une ambiance de village de montagne entre deux saisons, mais dans une ville. Malgré tout beaucoup plus chic que ce à quoi nous nous attendions. Nous passons beaucoup de temps à chercher un camping ouvert en cette saison.
Le camping que nous avons trouvé la veille est finalement 2 fois et demi le prix annoncé. Tant pis, nous avons quand même pris une super chaude et super longue douche.
Chez Fiat, on nous dit que rien n'est cassé, mais que certaines pièces sont très fatiguées. Nous décidons donc de ne pas faire la Carreta Australe. Il faut bien qu'on se garde quelques bonnes excuses pour revenir un jour !
Les devoirs sont interrompus (heureusement on avait presque fini) par le toc-toc de Maryline et Vincent. Combien de fois nous sommes nous rencontrés depuis le Mexique ? Difficile à dire, mais c'est toujours avec un grand plaisir que nous passons ces quelques moments ensemble à échanger les parcours accomplit et les plans pour la suite. Nous nous quittons en nous donnant rendez-vous... quelque part sur la route.
Il nous faut remonter au Nord car nous ne voulons pas rater les baleines près de la péninsule de Valdes,car celles-ci commencent à redescendre en Antarctique après avoir mis bas et élevé les bleineaux pendant quelques mois. Aussi c'est avec tristesse que nous quittons Juliet et Jeff avec qui nous venons de passer 4 très chouettes journées et reprenons la route vers le Nord.
Carnet de route précédent