Vivante
Jaco / Costa Rica
En suivant la côte Pacifique des pays d'Amérique Centrale, l'occasion n'est pas rare de se baigner sur des plages aux vagues énormes et déferlantes...
A priori, elle m'effraie, la mer. Je l'approche prudemment. Observe sa violence. Je n'irai pas... Puis la fascination s'installe. Elle me prend. Si j'y mettais juste les pieds dans cet océan ?
Il est déjà trop tard. Comme une addiction qui commence à la première dose, la mer me prend. Après les pieds, les genoux, mon corps tout entier pénètre dans ce liquide carressant. Mon oreille entend ces millions de petites bulles sallées qui éclatent avec douceur lorsque l'écume remonte. Ma tête plonge enfin et le goût même de l'eau touche ma bouche. J'avance toujours doucement vers ce lieu où je n'aurai plus pied. Guettant les vagues qui portent tout mon être vers le haut, vers le bas puis à se laisser aller, flottant plus que nageant.
Sentiment du monde précédent
Bientôt, d’énormes rouleaux se forment et se fracassent à quelques mètres pour me balayer d'une puissante écume blanche. Le passage des vagues frappe, nettoie, arrache la fatigue de mon corps. J'ai maintenant juste le temps de choisir de prendre la vague de côté déviant le visage et fermant les yeux. Mais non, j'accepte cette déferlante de face. Chaque centimètre carré de mon corps est frappé, levé, bousculé, rincé par cette force. Dans les rouleaux devenus maintenant si grands qu'il faut y plonger avant qu'ils ne retombent, mon corps est bousculé, balloté. Dans cette mer si forte, violente, si inconsciente de ma présence, je me sens partie intégrante. Je suis à la fois si rien et si immensément vivante.
Sentiment du monde suivant