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La mine
Potosi / Bolivie

Nous arrivons devant l'une des 2000 galeries de la mine. Le Cerro Rico - la "montagne riche" - porte bien son nom. A l'époque de la Conquista, il suffisait de se baisser pour ramasser l'argent sur ses flancs...
Quelques baraquements. Des hommes se préparent. Se préparer, cela veut dire essentiellement préparer la coca. D'abord une petite poignée de feuilles qu'ils mâchent et stockent dans leur joue. Puis, petit à petit, d'autres feuilles. S'habillant, ils finissent par en avoir l'équivalent de 4 ou 5 poignées dans la bouche, une énorme boule dans une de leurs joues. Parler devient difficile. Ils s'enfoncent alors dans le ventre de la montagne sans eau ni nourriture pour un travail erreintant de 8 heures.
Nous ne sommes pas encore entrés dans la galerie que déjà nous voudrions en ressortir. Eux viennent y casser du caillou et leurs os chaque jour.
A chaque pas supplémentaire dans les entrailles de la montagne, nous nous éloignons de ce que peut apporter la richesse. Il faut se baisser pour ne pas se cogner la tête aux roches. L'eau s'écoule entre les rails déglingués qui guident les wagonnets tractés à bras d'homme depuis le fond de la mine. Les bottes ne sont pas toutes étanches. Le froid et l'humidité remontent le long des chaussettes, puis des jambes. Les étais sont artisanaux et précaires. Aucun éclairage, hormis la faible lueur que diffusent les lampes frontales. Les narines respirent la poussière grise. Des mineurs apparaissent dans le halo de lumière, tels des fantômes et nous dépassent d'un pas hagard en nous souhaitant "bonne nuit" - même si dehors c'est le début de la journée – avant de disparaitre dans le noir.
Arrivés au fond d'une galerie parallèle nous rencontrons une équipe. Un mineur sort des caillasses sur une brouette. Un autre charge des blocs de pierre à l'aide d'une pelle rouillée. Un troisième, que nous ne verrons pas, balance avec les pieds et les mains des gravats d'un tunnel situé plus haut. Plus loin, une autre équipe remonte des minerais avec une machine qui brise les tympans tant elle fait de bruit. Les minerais sont chargés dans des ballots faits de caoutchouc et basculés en tas qui seront sortis à la brouette.
Les mineurs n'atteignent en général pas la retraite et s'ils y arrivent, ils meurent de maladies pulmonaires ou autres infections. Ils gagnents l'équivalent de 100 dollars par semaine, un peu plus que le salaire moyen. Si peu pour le prix d'une vie.
Avant de partir, nous nous arrêtons devant El Tio, le dieu protecteur des mineurs auquel la coutume impose de faire une offrande de quelques feuilles de coca, quelques gouttes d'alcool fort et de cigarettes qui termineront de se consumer dans le noir, sur ses lèvres de pierre.
Nous ressortons enfin. L'éblouissement de la lumière du jour nous rappelle à quel point les contrastes sont douloureux. Un mineur regarde au loin la vallée. Pense-t-il à la cuillère d'argent qui nourrit l'enfant riche ?

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