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La mise à mort
San Janvier / Chili

A San Janvier nous arrivons sur ce que nous croyions être une fête de village, un rassemblement agricole du vendredi soir...

Nous sortons du camping car, excités par cet événement brisant la monotonie de la route. Nous comprenons très vite qu'il ne s'agit pas d'une fête, mais d'un enterrement. Des structures en bois surélevées où des hommes à chapeaux déambulent un calepin à la main. En contre-bas, des enclos où cochons, chevaux, moutons et vaches sont attendent. C'est un marché aux bestiaux. Un marché aux bestiaux sauvage. Et les sauvages ici, ce ne sont pas les bêtes.

Nous mettons plusieurs minutes à comprendre ce que nous voyons. Lorsque l'on mord dans une viande saignante ou cuite, on ne pense pas vraiment à ce qu'il y de cruauté avant qu'elle n'arrive dans       
l'assiette. Néanmoins, nous sommes effrayés de constater avec quelle violence cela se passe ici. Les cochons sont soulevés par la queue, coincés par  les oreilles pour qu'ils avancent dans des cris stridents. Les moutons sont attrapés par les pattes et jetés avec force au sol sur le dos. Une brebis qui tente de sortir d'un enclos pour rejoindre le couloir central a la patte brisée par la porte métallique qu'un homme qui la rabat violemment sur elle pour l'empêcher de partir. Peut-être même exprès. La brebis, terrorisée n'émet même pas un son. Peu importe, de toute façon elle ira à l'abattoir. Elle retourne dans l'enclos sur trois pattes, la quatrième oscillant lamentablement dans le vide. Les chevaux sont frappés à coup de grosses barres de plastique. Un outil de torture entre la barre cassante et le fouet cinglant. Dans un étroit passage où ils se retrouvent à la queue-leu-leu, on leur coupe la queue avec une immense paire de ciseaux mal aiguisés avant de les marquer à la peinture rouge dégoulinante sur le dos. L'homme qui manie les ciseaux leur plante alors la pointe dans l'échine pour qu'ils continuent d'avancer. Ils sont amassés dans les enclos et s'effondrent parfois sur le sol glissant d'excrément tellement ils sont terrorisés. Apeurés, ils ne parviennent plus à se redresser sur leurs pattes tétanisées. Les petits veaux meuglent et têtent frénétiquement une dernière fois leur mères emmenées dans des camions. Tous les animaux se serrent les uns contre les autres dans le coin des enclos, faces tournées à l'opposé de l'entrée. Certains refusent d'avancer. D'autres résignés avancent sans un son. Les yeux sont révulsés. Les cris étouffés. Parmi les hommes, en bas, certains rient à la terreur des animaux. Ils crient plus fort pour les effrayer ou balancent d'énormes coups de pieds dans les groins des cochons, les ventres des brebis. Ils ont l'air très satisfaits de leur sadisme. Leurs yeux pétillent d'un sentiment quelque part entre le monde du plaisir et de la haine. La folie peut-être. D'autres, rares,  essaient d'être plus délicats. Ils parlent aux bêtes pour les rassurer lorsqu'elles montent dans les camions, les font avancer sans les frapper. Ceux-là sont raillés grassement par les autres.

Nous quittons le lieu, la gorge serrée. Les larmes montent aux yeux des garçons qui affirment que dès notre retour ils seront végétariens... Oui, nous sommes homnivores, mais il y a certainement un moyen pour que cela se passe dans la dignité ou une certaine forme de respect. Mais la dignité, qu'est-ce que c'est ?

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